Les écrits sur l’art d’André Breton : 1920-1944
Auteur / Autrice : | Hisano Shindô |
Direction : | Dominique Carlat |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Lettres et arts |
Date : | Soutenance le 12/10/2013 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Passages XX-XXI (Lyon ; 2007-....) |
Jury : | Président / Présidente : Mireille Hilsum |
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Paule Berranger, Serge Linarès |
Mots clés
Résumé
La présente étude a pour objet d’examiner les écrits d’André Breton sur l’art et d’éclairer l’importance des recherches opérées sur l’image dans les principales questions abordées par l’écrivain entre les premières années de sa carrière et la fin de la seconde guerre mondiale. Si le surréalisme a commencé comme un mouvement littéraire, il va de soi que les arts plastiques n’ont pas tardé à y occuper une place essentielle. De toute évidence, les succès du surréalisme en matière d’art plastique sont encouragés par la passion vive et constante de Breton lui-même en ce domaine. Les œuvres d’art ont souvent été pour Breton autant d’occasions d’écriture. Une part de ces textes est généralement considérée comme relevant de la critique d’art. Cependant les réflexions de l’écrivain sur l’art ne se limitent pas au genre critique. Certains essais et les récits autobiographiques rendent compte d’événements étonnants suscités par les œuvres d’art. La question artistique peut en outre prendre la place principale dans les textes argumentatifs et théoriques.Les écrits de Breton peuvent être situés dans la grande filiation de la modernité poétique, de Baudelaire à des contemporains comme Jacques Dupin ou Bernard Noël. Ces textes mettent en jeu le rapprochement et la concurrence entre poésie et peinture. Le propos de l’écrivain ne vise pourtant pas à accorder la supériorité à l’expression verbale plutôt qu’à la représentation visuelle ou vice-versa, mais à faire remarquer l’entrelacement du langage et de l’image. Breton s’efforce en outre de mettre à profit l’entrecroisement hiérographique de l’écriture et de l’image. Loin de chercher à dégager une conception cohérente de l’écrivain concernant les arts plastiques, notre analyse s’efforce de montrer comment les images visuelles ont au contraire pour objet de déstabiliser l’écriture de Breton et de la remettre en cause. Dans la première partie, nous nous pencherons sur les réflexions de Breton sur l’art au cours des années 1920, dont le développement traverse les frontières génériques des textes. Dans la partie suivante, nous constaterons qu’une place plus importante est accordée dans les années 1930 aux recherches sur les représentations visuelles, qui concernent alors directement les préoccupations principales de l’écrivain : le problème porte sur le désir inconscient, sa révélation et sa réalisation. Tandis que les tableaux sont susceptibles de mettre en place un nœud entre réalité et rêverie, l’ « objet surréaliste » consiste à déplacer sans cesse la frontière de ceux-ci. La dernière partie sera consacrée à l’apport des représentations visuelles dans la conception du « mythe surréaliste », qui occupe la place principale dans les préoccupations du groupe aux cours des années 1940. Le recours aux produits de l’imaginaire collectif n’empêche pas de profiter du caractère polyphonique des images pour en révéler le caractère mystificateur. En suivant ainsi l’évolution des recherches de Breton sur l’art plastique dans l’ordre chronologique, nos analyses voudront montrer que l’activité de Breton autour de l’art visuel entretenaient un rapport étroit avec l’écriture. L’intérêt conjoint pour les arts plastiques et pour la poésie n’aboutit pas à proclamer la suprématie de l’une sur les autres, encore moins à prétendre à la fusion des deux domaines. Inséparable de l’écriture, mais toujours en dehors ou plutôt en marge de celle-ci, les représentations visuelles ont pour effet de remettre les écrits en question en perturbant la lecture. Or, un tel décalage suppose incontestablement la participation du lecteur-spectateur qui, dans son embarras devant cette double incohérence, est convié à se mêler au jeu des textes et des images. L’écrivain s’efforce ainsi d’inviter le lecteur-spectateur à l’intérieur des champs surréalistes, en lui proposant de vivre la même expérience que lui.