Thèse soutenue

L'émergence de bhikkhunī-sangha en Thaïlande : contextes, stratégies et défis

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Auteur / Autrice : Ayako Itoh
Direction : Olivier de Bernon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Religions et systèmes de pensée
Date : Soutenance en 2013
Etablissement(s) : Paris, EPHE
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris)
Partenaire(s) de recherche : autre partenaire : École pratique des hautes études (Paris). Section des sciences religieuses
Jury : Président / Présidente : Vincent Goossaert
Examinateurs / Examinatrices : Vincent Goossaert, Martin Seeger, François Lagirarde

Résumé

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On témoigne un nombre important de chercheurs thaïlandais et occidentaux qui ont débattu du caractère légitime ou non de l’émergence d’un bhikkhunī-saṅgha de tradition Theravāda, depuis l’Ordination Mineure (pabbajjā) de la Vénérable Dhammanandā en 2001. En revanche, on a porté peu d’attention à la vie, à la pratique, aux motivations et au discours tenu par un nombre croissant de ces femmes qui reçoivent l’Ordination Mineure et même l’Ordination Majeure (upasampadā), de même qu’on n’a peu porté attention au contexte dans lequel leur choix individuel s’est déterminé et réalisé au cours de la dernière décennie. L’interdiction de conférer une ordination monastique à des femmes pour qu’elles deviennent sāmaṇerī ou bhikkhunī, affirmée en 1928 par le Suprême Patriarche du saṅgha Thaï, est toujours en vigueur. Pourtant, il y aurait à ce jour 31 bhikkhunī et 37 sāmaṇerī en Thaïlande. En outre, entre 2008 et 2011, 250 femmes ont pris la robe de façon temporaire en tant que sāmaṇerī au Wat Songdhammakalyani – le monastère de Bhikkhunī Dhammanandā dans la province de Nakhon Pathom, à l'ouest de Bangkok – et 76 autres femmes ont étés ordonnées au Centre de Méditation de Nirotharam, à Chiang Mai, où l'auteur a conduit la plus grande partie de son travail de terrain. L’acceptation de l’Ordination Mineure et de l’Ordination Majeure, même si elles demeurent officieuses, conférées à des femmes par une fraction de la société, reflète l’existence de dissonances dans l’identité même de la tradition Theravāda Thaï, en même temps que l’extension réelle d’un phénomène qui concerne tous les acteurs du Bouddhisme Theravāda. La présente recherche ne prétend pas se prononcer sur la légitimité de l’émergence d’un bhikkhunī-saṅgha ni, au contraire, sur la déviance qu’elle représenterait du point de vue traditionnel du Bouddhisme Theravāda thaïlandais. Elle prend acte d’un phénomène existant qui constitue un objet d’étude, et essaye de comprendre qui sont ces femmes bouddhistes qui semblent prendre des sentiers subversifs consistant à devenir bhikkhunī. Elle examine comment un bhikkhunī-saṅgha a commencé d’exister de facto et à s'ancrer dans la société et quelle est, enfin, la base de son acceptation sociale. En découvrant l’histoire personnelle de ces femmes qui reçoivent l’ordination, leur vie quotidienne et les réseaux laïcs et monastiques qui les soutiennent, on comprendra que le contexte sur lequel se déploie ce phénomène ne peut en aucune façon se réduire aux discours féministes sur l'égalité des genres mais qu’il est plutôt le résultat d'un dialogue complexe et permanente entre la société Thaï et le Bouddhisme Theravāda dans un monde en constante globalisation