La fabrique du gouvernement international des réfugiés : bureaugraphie du HCR dans la crise afghane
Auteur / Autrice : | Giulia Scalettaris |
Direction : | Michel Agier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie sociale et ethnologie |
Date : | Soutenance en 2013 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Résumé
Ce travail analyse l'intervention du Haut Commissariat des nations Unies pour les Réfugiés dans le cadre de la crise afghane, afin d'interroger la manière dont cet organisme exerce son autorité et la portée de son action. La thèse s'appuie sur une enquête menée dans l'organisation, dans les bureaux de Genève et kaboul, entre 2006 et 2008. Le HCR est obordé en tant qu'instance politique à travers une approche à la fois empirique et englobante du pouvoir. L'analyse se déploie en partnat d'un projet novateur qui tâche de valoriser la mobilité comme ressource, remettant ainsi en cause l'"ordre national". Le suivi de ce projet permet d'appréhender le déploiement du HCR et de disséquer son fonctionnement interne, ses agents, les relations mises en place avec ses multiples interlocuteurs; ainsi que les procédés technocratiques d'intervention. Le HCR apparaît comme un dispositifbureaucratique éclaté et polymorphe, traversé par de nombreuses tensions, et enchâssé dans une topographie de rapports de pouvoir qui le façonnent, tout en contraignant son spectre de possibles. La posture étato-centrée et nationaliste de ce dispositif le conduit à participer à un mécanisme d'emplacement et d'illégalisation des migrants. Paradoxalement, le HCR oeuvre à instaurer l'ordre même qui, sédentaire et centré sur l'Etat-nation, est à l'origine du "problème" que l'agence a pour mission de résoudre, et duquel découlent son existence et sa légitimité. La source principale dans laquelle le HCR puise son autorité est l'expertise, qui consigne dans la maîtrise de procédés juridico-administratifs et dans la production de savoirs en matière de migrations.