Cioran écrivain
Auteur / Autrice : | Saber Idoudi |
Direction : | Claude-Pierre Perez |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langue et littérature françaises |
Date : | Soutenance le 29/11/2013 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Langues, Lettres et Arts (Aix-en-Provence ; 2000-....) |
Jury : | Président / Présidente : Philippe Jousset |
Examinateurs / Examinatrices : Claude-Pierre Perez, Philippe Jousset, Sylvie Ballestra-Puech, Mustapha Trabelsi | |
Rapporteur / Rapporteuse : Sylvie Ballestra-Puech, Mustapha Trabelsi |
Mots clés
Résumé
L’étude diachronique des écrits en français de Cioran montre que le dynamisme de cette œuvre a pour source la manière d’écrire. L’univers idéel est statique. La manière de dire est en mouvement. La volonté de s’imposer sur la scène culturelle française pousse « le métèque » à mettre fin à son lyrisme. La frivolité qui consiste à jouer avec les idées en est la conséquence. Elle est à l’antipode de l’écriture philosophique dont la principale raison d’être est l’appréhension de l’essence des choses. Après l’échec des Syllogismes, Cioran s’est rendu compte qu’il a mal misé sur la frivolité des Français. A partir de La Tentation d’exister, il cherche à créer un texte relativement suivi. Un sceptique ne peut endurer cette corvée qu’en recourant à la fiction. La sécheresse des concepts abstraits est adoucie grâce à un langage métaphorique. La narration rompt avec les principaux procédés de l’écriture philosophique comme l’analyse et l’argumentation. Le texte évolue par contiguïté sémantique. Le conflit entre vérité et littérature devient moins intense. Le vieux Cioran, en proie au compte-gouttes de la vieillesse, souffre de ne plus pouvoir se manifester. Recourir à ses expériences quotidiennes ou à des passages lus est une source de matière verbale. Les scènes de la vie quotidienne rafraîchissent la conscience desséchée par la recherche exclusive de l’idée. La citation participe du même travail de concrétisation. La vie quotidienne a une valeur cognitive supérieure à celle du raisonnement philosophique. De même, les écrits des maîtres spirituels, des mystiques et des poètes sont plus pénétrants que les ouvrages philosophiques. Littérature et vérité se sont réconciliées.