Thèse soutenue

Allemagne 1918-1942 : l’attaque de la dimension symbolique de la culture et la fabrique d’une langue meurtrière : comment les questions identitaires d’un peuple ont succombé à la psychopathologie d’un homme

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Auteur / Autrice : Nicole Blanc-Birry
Direction : Marie-Frédérique Bacqué
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychopathologie clinique
Date : Soutenance le 13/04/2012
Etablissement(s) : Strasbourg
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales – Perspectives européennes (Strasbourg ; 2009-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Subjectivité, lien social et modernité (Strasbourg ; 1999-...)
Jury : Président / Présidente : Mareike Wolf-Fédida
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Pierre Faye, Freddy Raphaël

Résumé

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Aux lendemains de la défaite allemande de 1918, Adolf Hitler, le caporal défait de la Première Guerre mondiale, psychiquement en guerre depuis de longues années, écoute attentivement ce qui, dans l'histoire du peuple allemand, sa langue et sa culture, maintient ses espoirs et ses craintes. Au XIXe siècle, le mythe 'völkisch' - l'idéologie du 'Volk' allemand- avait structuré l'identité des Allemands. La défaite allemande de 1918 sonnait la fin de ce mythe, laissant la jeune Allemagne auparavant si sûre de son destin exceptionnel, totalement humiliée. Dans cet 'Umwelt' déboussolée, Adolf Hitler, l'autodidacte de Braunau, aussitôt propulsé sur la scène politique bavaroise, glanait rancoeurs et inquiétudes sociales pour se constituer un discours. La langue qu'il était en train de fabriquer, bientôt fixée définitivement dans 'Mein Kampf', était une langue totalitaire et meurtrière. Totalitaire, en prétendant tout dire et répondre à toutes les inquiétudes d'une époque ; meurtrière par !'opérateur sémantique qui liait dans un même énoncé « Deutschland erwache » à sa haine antisémite «Juda verrecke ». Adolf Hitler fut l'homme d'une seule idée: une lutte mortelle entre Aryens et Juifs était engagée depuis des siècles. De l'issue de cette lutte dépendait le sort du peuple allemand. La victoire du peuple juif signerait l'anéantissement de la race aryenne et plus globalement du monde entier. Pour que le peuple allemand vive, il n'y avait d'autre solution que celle du 'Juda verrecke'. La langue qu'il avait fabriquée ne fut qu'un habillage de son délire paranoïaque, le moyen de propagande le plus puissant qui ait soutenu, pendant presque douze années, les illusions les plus mensongères. La néo-réalité nazie créait les conditions nécessaires pour qu'un peuple se tourne entièrement vers son mythe, renversant en terreur l'autre face qui n'était que ravissement. Face à la mystification du 'Deutsch/anderwache' doublée de l'entreprise meurtrière du 'Juda verrecke', la majorité du peuple allemand avait succombé.