Thèse soutenue

Le corps endormi : une histoire des représentations du sommeil dans la société française du XVIème au XVIIIème siècle

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Auteur / Autrice : Alice Bretagne
Direction : Élisabeth Belmas
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 2012
Etablissement(s) : Paris 13

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Cette étude propose de restituer les différentes représentations du sommeil dans la pensée française du XVIème au XVIIIème siècle, à travers son rapport au corps. Le sommeil est un champ d'étude complexe qui touche différents domaines : religion, vie quotidienne, sciences. . . , autant de représentations différentes, parfois contradictoires, mais souvent complémentaires. Durant les XVIème-XVIIème siècles, c'est un discours imprégné d'une pensée magico-religieuse qui se développe sur le sommeil. La représentation traditionnelle du sommeil en fait un moment de danger et d'avilissement de l'âme, durant lequel le corps n'a plus conscience de lui-même. Celui-ci fait peur, par son lien étroit avec la sexualité. Vécu comme un mal nécessaire, le sommeil sert parfois d'intermédiaire entre Dieu et les hommes, mais le plus souvent il relie au diable et à ses suppôts. Le sommeil est le créateur de l'humanité, mais il a engendré le corps pécheur. À partir du XVIIème siècle, l'abord du sommeil se rationalise; de simple préoccupation hygiénique il devient objet d'étude scientifique au XVIIIème siècle. Le sommeil occupe une place importante au sein du savoir médical au siècle des Lumières, à la fois dans la physiologie, la pathologie et la nosologie; il commence à intéresser la psychologie naissante. La représentation savante du corps fait du sommeil le temps de la restauration, régissant la mécanique corporelle. Le sommeil est le garant de l'équilibre instable du corps humain, c'est un principe intermédiaire entre la santé et la maladie, et surtout entre la vie et la mort. Le sommeil est moins considéré comme une fonction du corps que comme un principe vital, à la fois créateur et réparateur du corps, mais il constitue aussi la preuve que le corps est une « machine ».