L'invention de l'antique dans le cinéma italien moderne : la poétique des ruines chez Federico Fellini et Pier Paolo Pasolini
Auteur / Autrice : | Anne-Violaine Houcke |
Direction : | Laurence Schifano, Jean-Loup Bourget |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études cinématographiques et audiovisuel |
Date : | Soutenance le 04/12/2012 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, langues, spectacles (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....) |
Jury : | Président / Présidente : Hervé Joubert-Laurencin |
Examinateurs / Examinatrices : Laurence Schifano, Jean-Loup Bourget, Hervé Joubert-Laurencin, Nicole Brenez, Antonio Somaini | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Nicole Brenez, Antonio Somaini |
Résumé
Le néoréalisme – et notamment le cinéma de Roberto Rossellini – a montré à quel point l’Italie sortait ruinée de la Seconde Guerre mondiale. À la théâtralité fasciste et à la rhétorique grandiloquente de la romanità succède une attention nouvelle portée à l’humilis et, corollaires de cet « amour pour la réalité » (expression de Pasolini, à propos de Rossellini et de Fellini), de nouvelles pratiques cinématographiques. Cette recherche a pour ambition de mettre en regard deux cinéastes généralement considérés comme antithétiques, avec pour fil directeur « l’invention de l’antique », afin de mettre en évidence l’existence d’un horizon commun, qui trouve son origine dans deux réalités historiques : d’un côté le rejet de l’Antiquité fasciste, de l’autre la résistance à la fuite en avant contemporaine. L’« antique », entendu conceptuellement comme matrice de résistance (donc non limité aux bornes historiques assignées à l’Antiquité), est ici pris dans un jeu dialectique et dynamique avec l’idée de modernité, puisqu’il s’agit de déterminer comment une modernité esthétique a pu s’inventer et s’expérimenter contre, ou tout contre, une autre modernité – sociale, économique, politique. Fellini plonge dans l’univers chaotique et placentaire de la création en studio. Pasolini, à l’inverse, se déplace toujours plus loin du centre, à la rencontre de nouveaux corps, et de nouvelles terres à arpenter. Dans les deux cas pourtant, il s’agit d’en passer, de manière poétique, par deux disciplines que l’après-guerre n’accepte pas plus que le fascisme – la psychanalyse et l’ethno-anthropologie – pour mettre au jour des survivances, pour porter à la lumière ce que la modernité refoule, et « fictionner » à partir de ces fragments. L’invention sera donc d’abord entendue au sens archéologique du terme (impliquant repérages, découverte, mise au jour). Elle sera aussi entendue au sens poétique de l’« œuvrement » à partir des fragments, mettant en évidence des affinités électives entre l’Antiquité et le cinéma.