Auteur / Autrice : | Elisabeth Ventura |
Direction : | Baldine Saint Girons |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 2012 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Connaissance, langage, modélisation (Nanterre) |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Sous la figure rhétorique du paradoxe, Diderot fut le premier philosophe à réfléchir sur l’art du comédien dans une perspective esthétique. A sa suite, nous creuserons ce qu’on pourrait appeler « la matière-comédien », en plaçant au centre de notre recherche la question de l’incarnation : le comédien, medium poétique de l’évènement théâtral, sera le sujet de notre étude. Comment façonne-t-il son corps pour le métamorphoser en réceptacle glorieux de l’incarnation du verbe ? Comment le souffle poétique se dépose en lui ? L’art du comédien ouvre immédiatement à une réflexion sur l’omniscience du sensible : à la fois maître des projections poétiques et matériau vivant de leurs réalisations, « ordonnateur lucide et sujet enivré » selon la formule de la grande comédienne Simone, le comédien est l’opérateur sensible de l’évènement théâtral. Au moment de la représentation, après des semaines de répétitions, de recherches, de mise en mots et de mise en corps, il ne doit plus « penser qu’à penser », comme le répétait Sarah Bernhardt à ses jeunes élèves. Non seulement il a pour tâche de conjuguer l’espace de son corps à ceux de la scène et de la salle, mais il doit maintenir tendu le « fil écarlate de l’intrigue » dont parle Cocteau : le comédien démultiplié, « passeur » de sublime, édifié le pont émotionnel qui conduira le spectateur à pénétrer l’espace infini de la poésie. Ouvrier de la signifiance, le comédien travaille au sublime et le sublime le travaille.