Thèse soutenue

Lire le mal. Valeurs d’usage de la mystique pour le repérage d’une langue du mal chez Bataille et Bernanos.

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Auteur / Autrice : Sarah Lacoste
Direction : Jean-François Louette
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres modernes
Date : Soutenance le 30/11/2012
Etablissement(s) : Paris 4
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littératures françaises et comparée (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre de recherche sur la littérature du XIXe siècle (Paris)
Jury : Président / Présidente : Michel Jarrety
Examinateurs / Examinatrices : Jean-François Louette, Yves Baudelle, Gilles Ernst, Joseph Jurt, Gilles Philippe

Résumé

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Les œuvres de Bataille et de Bernanos donnent à lire l’inscription d’une langue du mal ayant son propre fonctionnement, qui coexiste avec le sens littéral des textes sans pourtant être en concurrence avec lui. Elle prend sens dans l’acte de lecture : le mal est un possible dans les textes, qui n’est actualisé que par le lecteur. Mais cette lecture herméneutique est elle-même le produit des œuvres : tout se passe comme si les textes formaient le lecteur à déchiffrer un sens en surimpression. Or, pour appréhender la spécificité de cette « langue étrangère » dans les textes, un relais s’imposait. Nous convoquons ainsi la question mystique comme une passerelle pour relier Bataille et Bernanos, et comme un levier herméneutique pour lire la langue du mal. Ce repérage prend la forme d’un cheminement mystique, passant par différentes étapes : la compassion (l’intériorisation du mal), la nuit obscure (de l’indéchiffrable à la réversibilité), l’imitation (qui est aussi une recomposition), et enfin l’extase (lumières du mal). Après le repérage de certaines représentations du mal associées à des pratiques stylistiques récurrentes, la nuit obscure apparaît comme un temps nécessaire d’indétermination, lequel conduit à une négativité productrice : ces deux premiers temps contribuent à isoler le mal comme un objet linguistique, permettant alors de nous en saisir. Cette langue fonctionne selon certains procédés idiosyncrasiques rassemblés autour de la notion de rebroussement : l’alliance des contraires, les mots leviers, les mots corps. Nous proposons pour terminer d’ébaucher une forme d’œuvre imaginaire, nourrie de certains dialogues entre les personnages de Bataille et ceux de Bernanos. De manière plus large, cette entreprise nous fait voir ce que la littérature doit au mal : la langue du mal, c’est, d’une certaine façon, la tension qui correspond toute littérature.