Reconstitution des variations multidécennales et saisonnières de la mousson ouest-africaine au cours des deux derniers millénaires à partir de l’étude sclérochronologique des amas coquilliers fossiles dans le delta du Saloum, Sénégal.
Auteur / Autrice : | Moufok Azzoug |
Direction : | Marie-Pierre Ledru |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Evolution, Ecologie, Ressources Génétiques, Paléontologie |
Date : | Soutenance le 06/12/2012 |
Etablissement(s) : | Montpellier 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | Systèmes Intégrés en Biologie, Agronomie, Géosciences, Hydrosciences, Environnement (Montpellier ; École Doctorale ; 2009-2015) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut des sciences de l'évolution (Montpellier) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Marie-Pierre Ledru, Anne-Marie Lézine, Laurent Chauvaud, Thierry Corrège, Rachid Cheddadi, Dirk Verschuren, Matthieu Carré |
Rapporteur / Rapporteuse : Anne-Marie Lézine, Laurent Chauvaud |
Résumé
Les variations multidécennales et saisonnières de la Mousson Ouest-Africaine (MOA) au cours des deux derniers millénaires dans la région sahélienne sont peu documentées en raison du manque d'archives paléoclimatiques. Pour cela, on se propose dans ce travail de thèse d'explorer une nouvelle archive paléoclimatique basée sur l'étude sclérochronologique des coquilles du mollusque bivalve Anadara senilis dans des amas coquilliers fossiles afin de reconstituer les variations hydrologiques multidécennales et saisonnières dans le Delta du Saloum au Sénégal de 460 à 1090 A.D. L'hydrologie de cet estuaire hypersalin est très sensible aux variations de la MOA. Les variations hydrologiques passées sont reconstituées à travers des analyses isotopiques (δ18O, δ13C) des coquilles modernes et des coquilles fossiles dans le delta. Le signal isotopique saisonnier de ces coquilles retrace fidèlement les variations hydrologiques liées au régime de la mousson. Nos résultats montrent que ces variations isotopiques, associées aux stries de croissance dont la périodicité est connue, permettent de reconstituer les durées des saisons avec une précision de 25 jours, une précision jamais atteinte dans les études paléoclimatiques antérieures dans la région sahélienne. Les variations hydrologiques multidécennales sont reconstituées à travers la composition isotopique des coquilles fossiles prélevées dans un amas coquillier massif (Dioron Boumak) dont le taux d'accumulation est très important. Les coquilles fossiles prélevées dans cet amas présentent des valeurs isotopiques moyennes en δ18O plus négatives de 1.4 ‰ par rapport à leurs analogues modernes. Ceci est une indication que les conditions hydrologiques étaient plus douces qu'aujourd'hui dans le Saloum qui n'était pas hypersalin à cette époque. Le bilan Précipitation-Evaporation était par conséquent plus positif en réponse à des pluies plus intenses et/ou plus étalées dans le temps de 460 à 1090 A.D. Il semblerait que les pluies hivernales et printanières, caractéristiques de la frange littorale sénégalo-mauritanienne, plutôt rares et insignifiantes de nos jours se produisaient plus fréquemment pendant cette période. La jonction entre ces pluies et les pluies de mousson aurait favorisé l'établissement de saisons des pluies beaucoup plus longues (~5 mois environ au lieu de 3 aujourd'hui) et une augmentation du bilan Précipitation-Evaporation. Cette étude met en lumière le potentiel considérable d'A. senilis comme archive paléoclimatique à haute résolution de la variabilité des précipitation dans la région sénégalaise. Elle montre également l'importance de la saisonnalité des précipitations dans les cycles hydrologiques passés dans cette région qui doit être prise en compte dans les études paléoclimatiques futures.