Thèse soutenue

Les réseaux de santé : espaces de cooperation entre professionnels et patients : étude comparative de deux reseaux de sante diabète

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Nathalie Ponthier
Direction : Dietrich Hoss
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 09/03/2012
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre Max Weber (Lyon ; Saint-Étienne ; 2011-....)
Jury : Président / Présidente : Gilles Herreros
Rapporteurs / Rapporteuses : François Steudler, Jean-Pierre Claveranne

Résumé

FR  |  
EN

La loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de soins donne une définition unique des réseaux de santé. Ils représentent aujourd’hui une forme organisationnelle inscrite dans les politiques régionales de santé et sont soutenus financièrement par les agences régionales de santé (ARS). La recherche menée a pour objet la participation des personnes malades au fonctionnement et à l’activité d’un réseau de santé. En effet, si les textes législatifs consacrent la place de l’usager dans le système de soins et si la politique de santé proclame sa participation, qu’en est-il dans la réalité quotidienne des pratiques au sein d’un réseau de santé ? Cette recherche s’intéresse ainsi de manière plus spécifique aux interactions entre les professionnels et les usagers en envisageant le réseau comme un espace de coopération. L’étude comparative de deux réseaux de santé diabète montre comment – face à une double contrainte, celles des politiques de santé et celle d’une régulation économique dominante - ce dispositif est soumis à une logique gestionnaire le conduisant à devenir une réponse instrumentale aux dysfonctionnements du système de santé, tel que les cloisonnements multiples du système de santé, une pénurie démographique de professionnels médicaux ou encore une spécialisation technique croissante des activités en santé. Mais en même temps, ces réseaux constituent un espace expérimental propice à la mise en œuvre d’une pratique communautaire en santé. Le corpus de données a été constitué principalement à partir de 31 entretiens biographiques auprès des personnes diabétiques, d'entretiens thématiques auprès des professionnels salariés des réseaux et d’observations des pratiques d’éducation thérapeutique, une prestation de service proposée par les réseaux. Cette prestation de service interroge les modalités possibles d’un travail ensemble dans la gestion d’une maladie chronique entre les professionnels et les personnes malades. En fonction des conceptions en santé des professionnels et des logiques d’action en présence, l’étude montre deux tendances : une personne malade partenaire des soins et un patient auxiliaire de soins. Par ailleurs, les réseaux étudiés présentent des modalités organisationnelles différentes, un modèle linéaire et un modèle satellitaire où la coordination d’acteurs occupe une place majeure. Derrière ce terme de coordination se cache, dans les deux cas, un principe de rationalisation des activités en santé propre au système sanitaire actuel. Les réseaux sont ainsi soumis à une instrumentalisation économique, ils deviennent des prestataires de l’offre de soins sur un territoire. Cette instrumentalisation des réseaux de santé est mise en œuvre principalement par des procédures d’évaluation. Celles-ci s’appuient sur des données épidémiologiques et reposent sur une approche quantitative de résultats en santé. Dans une logique gestionnaire, la personne malade doit adopter des comportements conformes aux normes de santé pour permettre l’atteinte des objectifs organisationnels planifiés dans le cadre d’une politique de santé publique. Face au développement des maladies chroniques, le champ de la santé s’est modifié, mais le système de santé français reste organisé selon une logique biomédicale. L’évaluation prend appui sur des savoirs normatifs, et les pratiques des professionnels sont très imprégnées par cette logique biomédicale. Néanmoins, l’étude montre que les réseaux créent un espace propice à une pratique communautaire en santé par la création d’une proximité sociale. Les deux réseaux mettent en perspective une appropriation par les usagers des questions concernant leur santé. Une mise en mouvement des patients et des professionnels s’opère en marge des objectifs opérationnels affichés d’un réseau de santé. Ainsi, les réseaux constituent tout à la fois des espaces démocratiques réflexifs et un outil au service d’un processus de rentabilisation des activités en santé.