Thèse soutenue

Le miracle et l'enquête : Analyse sociologique de l'expertise médicale des guérisons déclarées "miraculeuses" à Lourdes.

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Auteur / Autrice : Laëtitia Ogorzelec-Guinchard
Direction : Jean-Michel Bessette
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 04/10/2012
Etablissement(s) : Besançon
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Langages, Espaces, Temps, Sociétés (Besançon ; 1991-2016)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Sociologie et d'Anthropologie (Besançon)
Jury : Président / Présidente : Bruno Péquignot
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Michel Bessette, Louis Quéré, Michel Hastings, Jean-François Laé
Rapporteurs / Rapporteuses : Bruno Péquignot, Louis Quéré

Résumé

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Afin de ne pas prêter le flanc aux railleries et aux critiques, l’Église fait preuve d’une grande prudence à l’égard des déclarations de « guérison miraculeuse ». C’est dans cette perspective qu’elle s’attache à départager l’"authentique" et l’"inauthentique" parmi les manifestations de la vie religieuse et qu’elle considère que « les faux miracles doivent être discernés des vrais ». Ces distinctions ne vont pas de soi. Elles nécessitent des procédures d’enquêtes dont le fonctionnement reste largement inexploré par les sciences humaines. Si, depuis le XIe siècle, le magistère catholique exerce un droit de regard, allant s’élargissant, sur les miracles déclarés par les fidèles, c’est sans doute à la suite des événements de Lourdes (« apparitions » et « guérisons » à partir de 1858) que cette volonté de contrôle s’exprime sous une forme nouvelle. À une époque qui exalte les vertus de la rationalité scientifique, au moment précis où la médecine parisienne atteint le sommet de sa notoriété pour ses travaux sur l’hystérie, redoutant les controverses provoquées par « l’épidémie de guérison » qui suit les visions de Bernadette Soubirous, de nombreux membres de la hiérarchie catholique française souhaitent donner des formes plus respectables à ce que l’on peut considérer comme une « explosion de dévotion populaire » non orthodoxe et difficilement contrôlable. C’est dans le cadre de cette stratégie d’encadrement des événements que s’inscrit, en 1883, au sein même du sanctuaire de Lourdes, la création d’une instance médicale chargée de contrôler les revendications de guérisons miraculeuses. En s’attachant à analyser cette procédure de contrôle, spécifique au sanctuaire de Lourdes, cette thèse voudrait permettre de mieux comprendre la manière dont sont produits les miracles à Lourdes. Notre travail souhaite montrer qu’il est, au contraire, produit collectivement par un ensemble d’acteurs (témoins, médecins, ecclésiastiques…) engagés dans une activité concertée d’enquête complexe au résultat incertain