''Phantasia'' et conscience d’image chez Husserl. La théorie phénoménologique de l’imagination à l’épreuve de l’expérience théâtrale
Auteur / Autrice : | Raluca Mocan |
Direction : | Monique Castillo |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 07/12/2011 |
Etablissement(s) : | Paris Est |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Cultures et Sociétés (Créteil ; 2010-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : LIS - Lettres Idées Savoir |
Jury : | Président / Présidente : Éliane Escoubas |
Examinateurs / Examinatrices : Monique Castillo, Bernard Besnier | |
Rapporteur / Rapporteuse : Jocelyn Benoist, Jean-François Lavigne |
Mots clés
Résumé
Cette thèse a pour point de départ l’évolution de la conception husserlienne de l’imagination, ouvrant la voie à une phénoménologie du monde de la fiction théâtrale. En 1918, Husserl décrit l’expérience du spectateur au théâtre comme quasi expérience : regardant le jeu des acteurs, le spectateur fait l’expérience de quelque chose sans être dans l’attitude d’expérience, dans une « imagination perceptive ». Sur scène, l’acteur ne représente pas à la manière d’un portrait: sujet agissant et masque, il est une présence vivante, impossible à distinguer du personnage qu’il incarne. L’expérience du spectateur et celle de l’acteur sont interdépendantes. Cette dualité de points de vue m’a conduit à mener une double enquête : j’ai tâché d’éclairer l’une par l’autre la théorie husserlienne de l’imagination et l’expérience théâtrale dont témoignent les formateurs d’acteurs et les professionnels de la scène. La première partie de la thèse reconstitue la généalogie de la quasi expérience de phantasia chez Husserl, en fusionnant deux thématiques disjointes au départ: 1) l’imagination comme phantasia et conscience d’image et 2) l’expérience perceptive comme synthèse continue d’actes. Prenant appui sur l’acquis de ces analyses, la seconde partie apporte des compléments psychologiques et historiques concernant l’évolution de la formation de l’acteur, du Paradoxe du comédien du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours. « Ouvriers de l’imagination » selon l’expression de Sartre, les acteurs agissent en leur nom propre et en même temps pour leurs personnages. Le jeu dramatique fait exister la fiction théâtrale pour le spectateur, impliquant chez l’acteur une double conscience et une continuité spécifique d’attention. J’ai proposé un traitement phénoménologique de l’intrication entre les deux plans, imaginaire et réel, fictif et effectif. L’enquête menée dans la thèse a ainsi abouti à une caractérisation phénoménologique de la représentation théâtrale : résultat de la mise en cohérence des événements vraisemblables, le monde représenté sur scène est pourvu d’une existence propre. Le jeu théâtral a la force d’ouvrir aux acteurs et aux spectateurs les possibilités imaginaires d’autres mondes, dont ils déploient les possibilités de sens