Vétérans d’Algérie et la France contemporaine : Expériences d’appelés et mémoires, 1955-2010

Algeria Veterans and Contemporary France : Draftee’s Experiences and Memories, 1955-2010

I veterani d’Algeria e la Francia contemporanea : Esperienze e memorie del contingente di leva, 1955-2010

• Auteur / Autrice : Andrea Brazzoduro
• Direction : Annette Becker, Vittorio Vidotto
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Histoire
• Date : Soutenance en 2011
• Etablissement(s) : Paris 10

Mots clés

Mots clés contrôlés

Postcolonialisme

Anciens combattants

Récits de guerre français

Algérie -- 1954-1962 (Guerre d'Algérie)

Mots clés libres

Mémoire

Récit oraux

Etudes postcoloniales

Anciens combattants

Résumé

Bien que la guerre d’indépendance algérienne (1954 - 1962) soit finie depuis plus de quarante ans, les recherches la concernant – et plus particulièrement lorsqu’il s’agit de recueillir les témoignages des participants – sont souvent réalisées dans un contexte de « post-conflit » caractérisé par des blessures non cicatrisées, autant physiques que psychologiques. En effet, le retour des soldats d’une « guerre sans nom » a été particulièrement difficile. Dans ce travail, mes entretiens avec les vétérans français (collectées entre 2007 et 2010) m’ont permis de mettre en lumière deux aspects cet énigme historique : tout d’abord, que la mémoire de ces vétérans a une forte influence sur la manière dont la société française comprend son présent ; mais que leur mémoire de ce passé est elle-même profondément influencée par la condition présente des sociétés tant française que algérienne. Après la montée du FIS et après dix ans d’extrême violence en Algérie, après le 11 Septembre et la guerre contre le terrorisme (islamiste), comment le vétérans font-ils face aux atrocités et aux violences dont ils ont été témoins et qu’ils ont commis il y a quarante ans ? la violence coloniale n’était pas un accident mais une pratique nécessaire : cela était plutôt un moyen privilégié d’établir une relation particulière entre la France et l’Algérie, la metropole et ses sujets coloniaux, soldats français et Indigènes musulmans. Avouée ou non, la violence hante encore aujourd’hui les vétérans ; cependant le contexte actuel engendre des luttes mémorielles dans une nouvelle narrative (d’auto-justification). « Cette guerre coloniale – comme l’avait écrit Franz Fanon – est singulière jusque dans la pathologie à laquelle elle a donne naissance ».

Although the Algerian War of Independence (1954-1962) ended over forty years ago, research on that war—particularly when it involves gathering the testimony of participants—is still being carried out in a “post-conflict” environment, characterized by unhealed wounds, physical and psychological. Indeed, the soldiers’ homecoming from a “war without a name” has been particularly troubled. In this paper, I use my interviews with French veterans of the conflict (collected between 2007 and 2010) to illuminate two aspects of a historical conundrum: first, that the veterans’ memories of past conflict has a powerful influence on French society’s understanding of the present; but, second, that their memory of the past is profoundly influenced by more recent realities in French and Algerian society. After the rise of the Islamic Salvation Front (FIS) and the decade of extreme violence in Algeria, after September 11th and the global “war on (Islamist) terrorism”, how do veterans cope with atrocities they witnessed and violence they perpetrated forty years ago? Colonial violence was not a regrettable but necessary practice: it was instead the privileged way to establish a specific relationship between France and Algeria, the metropole and its colonial subjects, French soldiers and Muslim indigènes. Acknowledged or not, violence still haunts veterans; but the new framework organizes combat memories in a new (self-justificatory) narrative. “This colonial war”—as Frantz Fanon wrote—“is singular even in the pathology that it gives rise to”.