Thèse soutenue

L’énoncé étymologique latin : formes et sens

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Auteur / Autrice : Aude Alizon
Direction : Michèle Fruyt
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études latines
Date : Soutenance le 28/11/2011
Etablissement(s) : Paris 4
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Mondes anciens et médiévaux (Paris ; 2000-....)
Jury : Président / Présidente : Chantal Kircher-Durand
Examinateurs / Examinatrices : Michèle Fruyt, Gerd Haverling, Jean-Paul Brachet, Jean-François Thomas

Résumé

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Dans la conception antique du langage, le signe linguistique doit rendre compte de la réalité qu’il dénote, au contraire de la conception moderne qui repose sur l’arbitraire du signe. L’étymologie consiste alors à donner l’origine des mots en mettant au jour leur motivation (unde et cur uerba rebus imposita sint « d’où et pourquoi les mots ont été appliqués aux choses »). La théorie étymologique des grammairiens latins ne nous est malheureusement parvenue que de manière très lacunaire ; les énoncés étymologiques, en revanche, lieu privilégié de l’expression linguistique du sujet parlant, sont pléthore. Afin d’étudier le sens de l’étymologie antique, longtemps considérée comme « fantaisiste », « fausse » ou « populaire », ce travail s’appuie sur un corpus de 1800 énoncés étymologiques, puisés chez Varron, Cicéron, Aulu-Gelle et Isidore de Séville. La première partie étudie les différentes structures formelles susceptibles d’accueillir les énoncés étymologiques. On y voit ainsi que, malgré la présence de balises métalinguistiques, l’amalgame constant entre l’usage et la mention révèle la fusion qu’opère le sujet parlant entre le signifiant, le signifié et le référent. La seconde partie étudie les facteurs expliquant que le rapprochement entre un lexème explicandum et son étymon semble souvent se faire d’après une ressemblance formelle assez vague : cette hyperlaxité phonétique résulte de l’extension abusive de certains phénomènes observés par le locuteur et théorisés dans un schéma selon lequel les phonèmes peuvent être ajoutés, supprimés, transformés ou déplacés dans le mot. Le mot est ainsi une entité susceptible de variations formelles sans changement du signifié véhiculé. La troisième partie, après avoir rappelé les définitions et les caractéristiques de l’étymologie antique, montre, en en étudiant les processus de dérivation, que cette dernière est avant tout une quête du sens, ce que confirme ensuite l’étude des lexèmes (ré)analysés comme étant constitués de plusieurs éléments sémantiques qui doivent décrire le référent extralinguistique qu’ils dénotent. L’étude se conclut sur l’idée que les énoncés étymologiques latins visent à retrouver l’éponymie d’un nom, une autre manière de « dire le vrai ».