Les rôles et les statuts des femmes métisses de Winnipeg dans leur communauté et dans la société canadienne
Auteur / Autrice : | Joanna Seraphim |
Direction : | Emmanuel Désveaux, Denis Gagnon |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ethnologie et anthropologie sociale |
Date : | Soutenance en 2011 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Résumé
Cette thèse constitue une recherche exporatoire qui repose sur une approche empirico-déductive, une méthodologie et une analyse qualitatives. Elle est fondée sur l'analyse des sources écrites et des entrevues effectuées lors des deux enquêtes de terrain (qui totalisent dix-sept mois de séjour) réalisées à Winnipeg, ainsi que l'observation directe et aprticipante réalisée sur place. Cette recherche porte sur les rôles et les statuts contemporains des femmes métisses de Winnipeg dans leur communauté et dans la société eurocanadienne et leur évolution depuis la période du commerce de la fourrure (période qui s'étend de 1670 à 1870). Elle vérifie aussi si les métisses endurent des discriminations raciales et sexuelles dans ces deux milieux. De plus, elle s'intéresse à la difficulté de maintenir et transmettre son identité et sa culture en contexte minoritaire en milieu urbain. Le cadre théorique appliqué se base sur l'anthropologie féministe et l'approche de la pratique en anthropologie afin d'être en mesure de saisir les inégalités que subissent les Métisses ainsi que les processus de résistances et de domination impliqués. Nous nous rendons également compte des initiatives mises en place par ces dernières pour s'opposer à ces disparités. Cette recherche se démarque des autres études autochtones en traitant des Métis, alors que la plupart d'entre elles portent sur les Amérindiens. De plus, dans le cadre des études métisses, il est rarement question des femmes et encore moins dans la période contemporaine. Le peu de fois où les Métisses sont mentionnées, elles sont représentées durant l'époque du commerce de la fourrure ou à la fin du XIXe siècle, après les deux resistances métisses qui ont eu lieu en 1870 et en 1885. En outre, les Métis sont souvent dépeints en milieu rural, plus particulièrement dans le Nord, dans des lieux isolés de la société dominante, aux conditions de vie rudes. Généralement, les chercheurs se concentrent sur leurs problèmes d'adaptation dans la société dominante. Nous avons choisi de nous axer sur les femmes métisses dans la vill de Winnipeg, de nos jours, et nous avons abordé le sujet de la difficulté de préserver son identité en milieu urbain. Suite à nos analyses, nous avons remarqué que les Métisses sont discriminées en raison de leur sexe et de leur origine ethnique, par des membres de la société dominante, ainsi que par des Amérindiens et des Métis. A cause de l'absence de définition définitive de "l'ethnonyme métis", de nombreux Métis voient leur identité remises en question, en raison de certains de leurs attributs perçus comme douteux, comme par exemple, la couleur de peau ou la langue maternelle. Ce racisme a des retombées sur la sécurité des métisses, mais aussi sur leur estime d'elles-même et sur leurs comportements. Dans leur communauté, les Métisses subissent ausii des discriminations sexuelles. Des politiciensmétis définissent les rôles des femmes métisses, en établissant une image de la mère autochtone idéale qui respecte et continue les traditions métisses. Par ce discours, ils essaient de tenir à l'écart les femmes de la scène politique. Par ailleurs, dans le cadre de leur rôle de mère, les femmes métisses ont recours à divers moyens pour transmettre leur culture à leurs enfants. Dans cette optique, elles utilisent des procédés classiques comme l'apprentissage d'activités traditionnelles, mais aussi des nouvelles technologies comme les émissions de télévision et les sites internet. Elles sont également aidées dans cette tâche par les initiatives des associations métisses qui organisent des ateliers d'activités métisses.