Thèse soutenue

Ecriture féminine issue de l'immigration : violence et troubles identitaires dans l'oeuvre de Nina Bouraoui

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Auteur / Autrice : Lila Kermas
Direction : Gérard Peylet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littératures française, francophones et comparées
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire pluridisciplinaire de recherches sur l'imaginaire appliquées à la littérature (Pessac, Gironde)

Résumé

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La littérature issue de l’immigration maghrébine en France s’inscrit dans le sillage des littératures émergentes. Elle est née dans les années quatre vingt. Elle est produite par des auteurs que l’on nomme généralement écrivains de la deuxième génération par opposition aux auteurs de la première génération, qui sont des écrivains d’après guerre. Ce travail de recherche porte sur cette littérature émergente, particulièrement sur l’écriture féminine issue de l’immigration maghrébine en France. Cette étude propose une réflexion sur l’e��criture féminine, en l’occurrence, les œuvres de Nina Bouraoui. Il s’agit d’interroger ces œuvres, qui s’inscrivent dans le renouveau, pour dégager les spécificités propres à cet auteur. L’objet de cette recherche étant de d’analyser les particularités de cette écriture tant au niveau thématique que textuel en abordant la problématique de la violence et de l’identité. La première difficulté, quant à l’approche de cette écriture, réside dans le classement. A quelle « littérature » peut-on ou doit-on associer Nina Bouraoui sachant que les critiques ont un regard divergent sur une même œuvre ? Puis, il s’agissait de voir en quoi l’écriture féminine issue de l’immigration est-elle différente des écrivains de la première génération. Quelle est la part de la quête de soi ? Quel rapport à la thématique de la violence ? Cette étude ne prétend pas trouver le statut de l’œuvre étudiée, - car cette démarche risque de nous éloigner du sujet et nous propulser dans une interrogation qui occupe la critique littéraire à savoir la question de l’Auteur, de son œuvre et de la littérature en générale-, mais de dégager en quoi consiste la difficulté à classer les productions faisant partie de la littérature émergente. La question de l’inter-culturel s’impose : Comment classer, en effet, un auteur qui fait partie d’une littérature émergente dont l’imaginaire oscille entre des cultures différentes ? Comment l’appartenance à une double culture peut-elle influencer la réception de l’œuvre. En quoi les thématiques abordées influent-elles ou rompent-elles avec la tradition de l’écriture maghrébine d’expression française, en particulier l’écriture féminine ? Quelle est la part de la violence tant au niveau de l’écrit qu’au niveau des thèmes ? Le choix du corpus est motivé par plusieurs aspects. La première raison est liée à la problématique. Celle de l’identité et de la violence. Bien qu’il existe de nombreuses études sur ce sujet. S’agissant d’une littérature émergente, il était intéressant de considérer ces deux notions du point de vue de l’écriture féminine issue de l’immigration. Quelles spécificités invoque-t-elle ? De part la récurrence de la thématique de la violence et de l’identité dans son écriture, N. Bouraoui est parmi les femmes qui produisent d’une manière régulière. L’ensemble de ses œuvres fournit un corpus riche et varié qui donne matière à analyse. Pour mener cette réflexion, la première étape de cette recherche porte donc sur le contexte d’émergence et les enjeux de la littérature féminine issue de l’immigration. Nous avons abordé le flou terminologique dont témoignent plusieurs ouvrages, quant à la désignation de cette écriture. Il ne s’agissait pas de déterminer la validité de telle ou telle notion qui pourrait définir cette écriture, mais au contraire de tenter de répondre à la difficulté de désignation. Pour palier à ce flou terminologique, nous avons abordé les différentes acceptions appliquées à cette écriture féminine émergente entre autre littérature beur, littérature mineur, littérature poste coloniale. Il s’agit de rendre compte de la difficulté à nommer cette littérature et de relever les enjeux qui se profilent à travers l’analyse du corpus. Il a été donc nécessaire de considérer cette notion écriture/littérature féminine issue de l’immigration maghrébine avant d’analyser le corpus. Il convient de signaler que la première partie, qui porte sur le contexte d’émergence, aide à comprendre les enjeux que pose cette écriture/littérature féminine, en l’occurrence les enjeux entre identité et violence. La deuxième étape consiste en l’analyse du corpus. Il s’agit de voir quelles sont les origines de la violence et quel est le rapport avec l’identité du sujet. En effet, L’appartenance à une double culture structure le parcours de l’immigré(e) et détermine toute la complexité à réunir les deux identités cultures. Ainsi, le sujet est au centre d’une représentation plurielle. Il se trouve aux frontières d’un double imaginaire et d’une double langue. À ce niveau de l’analyse, nous avons identifié les sources des troubles identitaires et la violence qui en découle, notamment pour la femme issue du milieu traditionnel. Outre la violence liée à la crise d’identité culturelle, où le sujet hybride évolue dans un entre-deux insaisissable, se pose la violence liée à la crise d’identification sexuelle. L’’écriture de N. Bouraoui soulève la question de l’appartenance sexuelle, en ce sens qu’elle se trouve, elle aussi, aux frontières du tabou (hérité de la société traditionnelle), et de la liberté que suggère le pays de naissance. . . L’écriture féminine issue de l’immigration offre la possibilité de lire les œuvres dans leur aspect pluriel à tout point de vue. L’entre-deux prédomine et confère tout son sens à l’œuvre.