Thèse soutenue

L'influence de l'écriture sur la langue

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Yishaï Neuman
Direction : Michel Masson
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues, civilisations et societes orientales
Date : Soutenance le 10/12/2009
Etablissement(s) : Paris 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Langage et langues (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre des Etudes Arabes et Orientales (Paris)
Jury : Président / Présidente : Sophie Kessler-Mesguich
Examinateurs / Examinatrices : Michel Masson, Sophie Kessler-Mesguich, Shmuel Bolozky, Pablo Kirtchuk, Tamás Szende

Résumé

FR  |  
EN

La considération de la langue et de l’écriture comme codes sémiotiques en contact devrait logiquement découler de l’affirmation saussurienne : « Langue et écriture sont deux systèmes de signes distincts ». Au même titre que les langues en contact, le contact entre la langue et l’écriture est propice au transfert sémiotique réciproque. L’acquisition de l’écrit induit un changement cognitif radical et l’apparition de l’écrit dans une communauté linguistique modifie son organisation. L’empeinte plus forte du stimulus visuel par rapport à celle du stimulus auditif et le prestige qu’accorde la maîtrise de l’écrit sont les facteurs cognitif et social privilégiant le transfert sémiotique de l’écriture vers la langue. Sur le plan lexical, une tradition scripturale accompagnée d’une orthoépie [règles de lecture à haute voix] fournit à la langue des mots venus d’autrefois et d’ailleurs, comme les emprunts savants aux langues classiques et les emprunts graphiques entre des langues sans contact communautaire. Des mots graphémiques sans origine linguistique sont également vernacularisés, comme la lexicalisation d’abréviations. La vernacularisation d’éléments scripturaux enrichit la langue. Un cas particulièremnt extrême est celui de la naissance de l’hébreu moderne parlé – l’hébreu littéraire non vernaculaire du début du 20e siècle en est la source principale. Sur le plan phonologique, l’orthoépie peur modifier la phonologie comme le montre l’apparition de groupes consonantiques en français. Sur le plan sémantique l’écrit peut être à l’origine d’une réorganisation des signifiés en fonction de l’orthographe ; de nombreuses figures de style sont inspirées par les propriétés de l’écriture.