L'image de Néron au théâtre : étude dramaturgique, morale et politique
Auteur / Autrice : | Laurent Tiesset |
Direction : | Georges Banu |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études théâtrales |
Date : | Soutenance le 28/04/2009 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Arts et médias (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Atelier de recherche sur l'intermédialité et les arts du spectacle (2005-2014) |
Jury : | Président / Présidente : Chantal Meyer-Plantureux |
Examinateurs / Examinatrices : Georges Banu, Chantal Meyer-Plantureux, Philippe Heuzé, Christian Biet |
Mots clés
Résumé
Tacite et Suétone laissent une image délirante de Néron, tout à la fois matricide perfide et histrion précieux, amant insatiable ou Orphée cocasse. La dramatisation de ces visions antagonistes se poursuit depuis l’antiquité depuis l’Octavie du Pseudo-Sénèque jusqu’au Britannicus de Racine. Loin de nous proposer une énième effigie tragique du despote latin, le XVIII e siècle présente une image paradoxale de Néron : d’abord celle d’un despote timoré et peu sanguinaire dans l’œuvre d’Alfieri puis celle d’un dictateur artiste du crime qui se suicide sur scène avec Legouvé. Le sang répandu signifie la mort du classicisme et ouvre la voie au romantisme. Soumet prolonge et accentue la paradoxale vision d’un être sanguinaire et sensible, qui tue pour être libre de s’adonner à sa passion de la scène. C’est ce qu’a bien saisi Marceau qui montre un artiste brimé qui assassine pour compenser ses faiblesses artistiques. A l’inverse, pour Hubay, le crime est l’art théâtral par excellence car il métaphorise la mort de l’esthétique précédente. Le dramaturge hongrois invente un Néron comique. Par ses crimes, le dictateur dramaturge crée la modernité. Il incarne métaphoriquement l’œuvre théâtrale. Il est l’Artiste dramatique qui transmute l’horreur du monde en beauté et sa victime innocente se transcende en objet esthétique. L’artiste tyran assassine par métaphore les conventions arides à respecter, toujours en quête de sensations nouvelles, d’émotions esthétiques à la fois coupables et ensorcelantes. Le meurtre néronien est quête de l’ailleurs esthétique, plasticage plastique des normes, redéfinition de l’œuvre, déflagration, incendie, fureur, mot.