Thèse soutenue

Modèles hiérarchiques des représentations d’actions : apports de la psychopathologie et de l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle

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Auteur / Autrice : Valerian Chambon
Direction : Chlöé FarrerNicolas Franck
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences Cognitives. Neurosciences
Date : Soutenance le 10/11/2009
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Neurosciences et Cognition (NSCo) (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de neurosciences cognitives - CNC
Jury : Président / Présidente : Elisabeth Pacherie
Examinateurs / Examinatrices : Anne Giersch, Patrick Haggard, Étienne Koechlin

Résumé

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Les patients schizophrènes présentent une capacité réduite à juger ou se représenter les intentions d'un tiers. Ces difficultés d'attribution et de représentation mentales ont fait l'objet d'investigations détaillées, mais souvent contradictoires, et nous proposons ici de les explorer à un niveau d'analyse plus fin du fonctionnement cognitif. Reconnaître une intention suppose en effet de traiter au moins deux types d’information distincts : les informations visuelles de cinématique (véhiculées par le comportement observé), et les attentes préalables que l'observateur formule à l'égard du comportement dont il cherche à découvrir le but. Dans une première série d’études comportementales, nous montrons que ces deux types d’information interagissent différemment selon le type d’intention considéré, c’est-à-dire i) selon la relation que l’action observée entretient avec l’intention qui la cause (intention motrice vs. privée) ou ii) selon que la situation d’action induit, ou non, des attentes domaine-spécifiques (intention sociale vs. non-sociale). Dans une deuxième série d’études, nous montrons que les patients schizophrènes présentent une dépendance anormale à l’un ou l’autre de ces deux types d’information. Les patients à symptomatologie négative dominante accordent en effet un crédit excessif aux informations de cinématique visuelle, tandis que la sévérité de la symptomatologie productive co-varie avec une tendance exagérée à se concentrer sur les attentes préalablement constituées (priors). Cette dépendance aux priors – qu’elle soit normale (sujets sains) ou excessive (patients schizophrènes) – pourrait témoigner d’un court-circuitage du processus de comparaison entre information perçue et représentation intentionnelle attendue, comme le suggèrent les résultats préliminaires d’une étude conduite en neuro-imagerie fonctionnelle. Nous proposons d’interpréter ces résultats à la lumière d’un modèle hiérarchique de compréhension de l’action dans le cadre duquel l’inférence intentionnelle est modélisée comme le produit d’une cascade d’influences top-down, générées et intégrées à chaque niveau de la hiérarchie, et remises à jour à chaque nouvelle observation. Nous suggérons en outre que cette remise à jour pourrait s’effectuer selon une dynamique formalisée par une généralisation du théorème de Bayes, optimisé pour chaque individu.