La justice sociale et le marché : essai sur l’économie du bien-être parétienne
Auteur / Autrice : | Vincent Desreumaux |
Direction : | Nicolas Chaigneau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance le 04/12/2009 |
Etablissement(s) : | Lille 1 |
Résumé
La thèse a pour objet les théories parétiennes du bien-être et de la justice sociale développées au 20e siècle. Nous cherchons à expliquer l’émergence de ce courant, qui s’incarne, de manière diverse, dans certains travaux de Bergson, Samuelson et Arrow avec la fonction de bien-être social individualiste, Hicks, Kaldor et Scitovsky avec les critères de compensation potentielle, Pazner, Schmeidler avec le critère de l’équivalence-égalitaire, Kolm ou Varian avec le critère d’absence d’envie. Nous montrons que la théorie néoclassique du bien-être est animée, sans le plus souvent l’énoncer explicitement, par un projet de philosophie politique concurrent des théories antérieures dans ce domaine : utilitarisme classique et théorie du contrat social. Ce projet s’appuie sur l’idée selon laquelle le marché constitue la modalité privilégiée de résolution des questions de choix collectif. En substance, une société d’homo œconomicus sera – ou pourrait être – efficace et juste. C’est selon cette grille d’interprétation que nous rendons raison de la tentative sans cesse renouvelée d’introduire, dans le cadre d’analyse de l’équilibre général walrasso-parétien, une théorie de la justice sociale, conforme ou au moins compatible avec l’éthique individualiste sous-jacente à ce cadre. Enfin nous montrons les limites éthiques du résultat obtenu : s’étant privée des justifications substantielles d’une théorie de la justice sociale que fournissent l’utilitarisme ou la théorie du contrat social, l’économie du bien-être parétienne s’appuie sur une justification éthique fragile, en particulier au niveau de l’articulation entre jugements individuels et critères collectifs de justice.