Les parcours du feu : techniques de brûlage à feu courant et socialisation de la nature dans les monts d'Auvergne et les Pyrénées centrales

The field of fire : techniques of burning to running fire and socialization of the nature in the Mountains of Auvergne and Pyrenees

• Auteur / Autrice : Nadine Ribet
• Direction : Florence Weber
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Ethnologie et anthropologie sociale
• Date : Soutenance en 2009
• Etablissement(s) : Paris, EHESS

Mots clés

Mots clés contrôlés

Espaces protégés

Biodiversité

Savoir-faire

Brûlage dirigé

Écobuage

Écobuage

Anthropologie

Résumé

Cette thèse cherche à caractériser techniquement et socialement les compétences mobilisées dans le brûlage pour la gestion des espaces pastoraux, erronément désigné sous le terme "écobuage". Condamnées par la science agronomique et l'administration forectière au XIXe, les techniques du feu sont durebalement dénoncées comme archaïques. Avec le développement de l'écologie du feu, le brûlage se voit réhabilité à travers la prévention et la lutte contre les incendies mais aussi le maintien de la biodiversité: "brûlage dirigé" et "contre-feu". Ces pratiques institutionnelles ont surmonté un grand nombre de réticences en prenant leurs distcances par rapport aux pratiques traditionnelles avec lesquels elles partagent pourtant les compétences requises par la maîtrise du feu. Dans l'ombre de cette récente réhabilitation, subsiste une pratique traditionnelle mal connue et en perte de référence donc de validité et de légitimité. Or, une étude des savoir-faire auprès d'éleveurs en Auvergne et dans les Pyrénées révéle des compétences complexes caractérisées par une désobéissance adroite, une "culture sèche", un rapport singulier à l'espace et au temps, médiatisé lui-même par la mémoire et le corps. La "pauvreté de la culture matérielle du brûlage se trouve largement compensée par la prépondérance d'une culture des sens propre à la mpètis (intelligence pratique) et par la capacité à conjecturer (kairos). Alors que la réhabilitation institutionnelle du feu devrait conforter les techniques traditionnelles, la rhétorique de gestion du risque et de la biodiversité menace de contester, voire de confisquer l'expertise des populations au profit de celle des spécialistes.

This thesis aimes to characterize technically and socially the skills required in burning for the rangelands management, incorrectly named "paring and burning". Disapproved by the agronomic science and the forest administration over the 19th century, the fire techniques are durably denounced like archaic. With the development of the fire ecology, burning is rehabilitated through the wildfires prevention/fighting and also the biodiversity management: "prescribed burning" and "backfire". These institutional practices overcame reservation by keeping aloof from the traditional practices with which they howerver share the skills required by the fire control. In the obscurity of this recent rehabilitation, traditional practice remains unknown and loses its references thus its validity and legitimacy. However, a study of the stockbreeders know-how in the mountains of Auvergne and Pyrenees reveals the complex skills characterized by a skilful disobedience, a "dry technique", a singular link with the space and the time through the memory and the body. The material culture "poorness" of burning is largely compensated by the preponderance of a senses culture specific to the mètis (parctical intelligence) and by the capacity to catch the kairos (turning point). Whereas the institutional rehabilitation of fire should consolidate the traditional techniques, the rhetoric of risk management and biodiversity threatens to contest or confiscate the population expertise against the one of specialists.