Thèse soutenue

Evaluation des facteurs de risque des accidents hémorragiques et de leur évitabilité chez les patients sous antivitamine K (AVK)

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Auteur / Autrice : Valérie Gras-Champel
Direction : Michel Andréjak
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Pharmacologie cardio-vasculaire
Date : Soutenance en 2009
Etablissement(s) : Amiens

Résumé

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Les antivitamines K (AVK) sont des médicaments très largement utilisés en thérapeutique. Il est estimé qu’environ 900 000 patients français sont traités par AVK chaque année. Le bénéfice du traitement anticoagulant est bien établi dans des pathologies cardiovasculaires variées. D’après une étude menée par le réseau des Centres Régionaux de Pharmacovigilance en 1998, les hémorragies sous AVK représentent la première cause d’hospitalisation pour accident iatrogène médicamenteux en France. Toutes les recommandations émises jusqu’à présent n’ont pas réussi à modifier de façon significative la pratique clinique puisqu’en 2007 une nouvelle étude confirme que les hémorragies sous AVK sont toujours au premier rang du risque iatrogène médicamenteux. En fait, la difficulté du maniement des AVK est liée à une marge thérapeutique étroite et à une grande variabilité inter et intra-individuelle de la réponse au traitement. De multiples facteurs de risques interviennent dans cette variabilité. Nous avons essayé d’identifier ceux d’entre eux qui étaient les plus impliqués dans le risque hémorragique. C’est en premier lieu l’INR qui apparaît essentiel dans la surveillance du traitement AVK. Son maintien dans la zone thérapeutique, son suivi régulier et une réactivité du praticien face à un surdosage doivent être des objectifs prioritaires. Les autres facteurs mis en avant sont, l’alcoolisme chronique, un traumatisme ou des lésions digestives récentes, une indication hors AMM, une co-médication (paracétamol, allopurinol ou héparine), une erreur de prise par le patient, une inobservance thérapeutique. Certaines des observations suggèrent qu’une partie des hémorragies pourrait être liée à des pratiques d’anticoagulation insuffisamment rigoureuse. Partant de ce constat factuel que l’anticoagulation n’est pas optimale pour une proportion importante de patients, nous avons tenté en adaptant une échelle déjà publiée de quantifier la part attribuée à l’évitabilité des accidents hémorragiques de notre travail. Cette évaluation montre que 50 à 65% d’entre eux auraient pu être totalement ou potentiellement évités par une prise en charge plus rigoureuse du traitement anticoagulant. Face à ce constat, il est impératif que tous les professionnels de santé concernés (médecins, pharmaciens, biologistes, infirmières…) se mobilisent et fassent évoluer leurs pratiques, notamment en termes de coordination des soins, d’information et d’éducation thérapeutique du patient. Dans ce sens, la communication visant à sensibiliser l’ensemble des professionnels de santé doit continuer. Quoi qu’il en soit, et en attendant d’autres solutions, la mise sous AVK doit faire l’objet d’une réflexion au cas par cas, tenant compte à la fois du bénéfice attendu (indication) et du risque potentiel (complications hémorragiques avant tout), lui-même lié au terrain (co-morbidités), aux affections intercurrentes et aux patients (co-médications, compliance), mais aussi d’un suivi biologique attentif et d’une réévaluation au moins annuelle du rapport bénéfice/risque. C’est à ces conditions que la qualité de la prise en charge des patients devrait pouvoir s’améliorer et permettre la diminution du risque iatrogène lié aux AVK.