Thèse soutenue

Le coût et le goût de l'exercice du pouvoir politique : sociologie clinique des cabinets ministériels

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Aude Harlé
Direction : Vincent de Gaulejac
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Paris 7

Résumé

FR  |  
EN

Le cabinet ministériel, lieu de pouvoir politique important, inscrit dans une permanence historique, se retrouve au cœur des contradictions de Fhypermodernité. Les membres de cabinets, hommes politiques de l'ombre, subissent flexibilité, instabilité et conditions de travail extrêmes. Ils se sentent « mal aimés ». Le goût du pouvoir leur permet d'en supporter le coût. L'altérité de la fonction et la conscience d'exercer un pouvoir sur les êtres et sur le cours des choses contrebalancent un rythme de travail effréné et un don de soi. Acteurs de la confrontation entre leur mission traditionnelle et l’hypermodernite, ils expriment leur désenchantement et, pour certains, leur déprime. Se voulant pragmatiques, ils se lancent dans l'urgence et l’hyperactivité au détriment de la pensée et de l'utopie. La fonction politique est confrontée aux valeurs de l'idéologie gestionnaire en œuvre dans les entreprises, dans la société et au cœur de l'Etat. Objectifs, moyens et objet des politiques publiques se transforment. Les acteurs vivent douloureusement ce questionnement du sens de leur action. A la lumière de la sociologie clinique et de la littérature managériale, sens et existence de la politique sont interrogés à travers le vécu et le discours des acteurs. Les membres de cabinet vivent les contradictions entre l'action politique, d'essence collective et solidaire, et la société gestionnaire, valorisant l'autonomie individuelle, la compétition, la « quantophrénie » et l'exigence d'une « bonne gouvernance ». Au nom de la « modernité », ils valorisent un système qui délégitime leur fonction politique inscrite dans le cadre de la soumission volontaire aux « impératifs » de l'économie mondialisée.