Thèse soutenue

Cancer et grande pauvreté : ethnologie de la "Maison de Nanterre"
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Auteur / Autrice : Yann Benoist
Direction : Richard Pottier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ethnologie
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Paris 5
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales : cultures, individus, sociétés (Paris ; 1994-2019)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Richard Pottier, Francis Affergan, Philippe Henri Louis Amiel, Alain Bertho, Patrick Gaboriau, Didier Sicard

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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L'objectif de cette thèse est d'analyser les raisons de la non-compliance des patients SDF qui fréquentent le Centre d'Accueil et de Soins Hospitaliers (CASH) de Nanterre, et plus particulièrement de ceux d'entre eux qui sont cancéreux. La question de départ est la suivante : pourquoi, très paradoxalement, alors même qu'ils considèrent la plupart d'entre eux comme des anormaux, les soignants persistent-ils à appliquer à leur patients SDF des modalités de prise en charge qui ont été conçues pour les patients ordinaires ? Il ressort des données recueillies que le regard que les soignants portent sur les SDF est déformé par une sorte d'ethnocentrisme de classe, que nous partageons tous, et qui les conduit à interpréter les comportements de leurs patients à travers des stéréotypes dévalorisants. L'observation de la vie que mènent les SDF tant dans la rue qu'au CASH montre qu'en réalité, leurs comportements sont déterminés par des facteurs qui sont liés soit à leurs conditions objectives d'existence, soit au caractère coercitif de l'organisation du CASH. Toutefois, même lorsqu'ils en sont conscients, les soignants se trouvent placés dans une position très inconfortable, car il n'est pas en leur pouvoir d'agir sur ces facteurs. Il est plus facile pour eux de s'en tenir au respect des règlements et à se réfugier derrière des procédures standard de prise en charge, ce qui entraîne la relation thérapeutique dans un cercle vicieux : plus les SDF sont non-compliants, plus les soignants les jugent anormaux, et moins ils sont disposés à tenir compte de ce qui fait leur spécificité, ce qui aggrave encore davantage la non-compliance de ces derniers.