Proust et Racine : les références raciniennes dans les écrits de Marcel Proust
Auteur / Autrice : | Yoko Matsubara |
Direction : | Antoine Compagnon |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littéraure française et comparée |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Résumé
Notre étude se propose d'analyser les références raciniennes présentes dans les écrits de Proust. Elle consiste à examiner pourquoi et comment ces références sont intégrées à l'oeuvre de Proust, ainsi que les effets de cette intégration sur les thèmes centraux d’À la Recherche du temps perdu. Il convient d'accéder à cette problématique selon les trois perspectives, celle de la langue, du personnage, et du récit. Nous constatons que les références à Racine servent à des drames théâtraux de la Recherche. Nous en avons abordé les dramaturges – le narrateur, Albertine, Charlus et Mme des Laumes- ainsi que leurs drames, établis sur leur lecture imaginaire des tragédies raciniennes, Esther, Athalie, Bérénice, Andromaque et Phèdre. Aux yeux de ces dramaturges, le monde paraît complexe : les lecteurs se trouvent entre deux ou trois mondes dont ils n’arrivent pas à savoir lequel est vrai. Nous envisageons également comment les références à Racine fonctionnent comme une didascalie et un décor de la Recherche. Elles prescrivent les gestes et le regard des personnages dans le roman. Par ces références, l'espace aussi se transforme en scènes du théâtre. Les vers de Racine, dont la tonalité originale était solennelle et pure, et qui étaient destinés à une scène sacrée et tragique, se voient utilisés dans La Recherche pour un morceau profane et comique. Ce procédé fait ressortir aussi bien le côté comique et profane caché dans les tragédies que le côté tragique et sacré dans les comédies. Par l'intermédiaire du théâtre, la Recherche ne cesse de s’orienter vers deux directions : entre dramatisation et distanciation, ou entre sacralisation et profanation.