Thèse soutenue

Critique de l'autarcie morale : sur les conditions extérieures du rapport à soi

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Auteur / Autrice : Valérie Gérard
Direction : Frédéric Worms
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Lille 3

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Cette étude adopte une perspective relationnelle et politique sur la morale. Elle analyse le rapport moral à soi depuis ses conditions extérieures. Elle explique et critique donc l'illusion de l'autarcie morale inhérente à l'examen de soi, à partir de l'étude du modèle stoïcien. Cette critique permet de revenir au rapport fondamental à soi par lequel on devient le sujet de sa vie : le sentiment d'exister et d'être inscrit dans le monde. Dans l'expérience morale, le rapport à l'existence prime en effet sur l'estime ou le respect de soi, la position dans un système de relations sur l'identité et sur l'intériorité. La dimension relationnelle de l'existence humaine implique qu'on ne peut pas penser le sujet moral à partir des oppositions entre autarcie et extériorité, entre souveraineté et vulnérabilité. Il y a en effet des conditions à l'instauration et au maintien d'un rapport à soi autonome. Le monde conditionne, sinon les croyances morales, du moins la capacité de porter un regard moral sur le réel. La prise en compte de cette hétéronomie de l'autonomie implique de distinguer l'opération par laquelle on s'instaure comme sujet de l'exercice d'un pouvoir sur soi. Les philosophies de Hannah Arendt et de Simone Weil offrent les éléments pour concevoir un tel rapport à soi, consistant à s'attribuer sa vie et à l'inscrire dans le monde, et délimitant un sujet équivoque, non souverain et en relation. Ce rapport ne repose pas sur la seule activité de l'esprit mais nécessite une extériorisation. L'étude des récits thérapeutiques et littéraires de violences politiques et sociales indique ainsi l'importance de l'activité de raconter dans l'institution d'un rapport au monde