Thèse soutenue

Les représentations psychosociales du suicide, modèles épidémiologiques du suicide, profils de santé mentale, et effets de champs : approche structurale des représentations

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Auteur / Autrice : Chantal Umulisa Guillaume
Direction : Jean-Claude Abric
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Aix-Marseille 1
Partenaire(s) de recherche : autre partenaire : Université de Provence. Faculté des lettres et sciences humaines (1969-2011) - Université d'Aix-Marseille. Pôle psychologie et sciences de l'éducation

Mots clés

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Résumé

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Plutôt que de tenter d'expliquer les comportements suicidaires par les problèmes sociaux et leurs classifications statistiques ou encore les caractéristiques individuelles, psychologiques, familiales, et socio-économiques, cette étude appréhende le suicide à travers les modes de raisonnement que véhiculent les discours à son sujet. S'inscrivant dans la lignée de recherches en psychologie des représentations sociales de la santé, cette étude montre que le suicide émerge de systèmes complexes de croyances, d'attitudes, de normes, et de traditions spécifiques en fonction de la construction mentale qu'en élaborent les individus. Le suicide prend toute sa signification au sein des rapports sociaux, et des différentes interprétations sociales qui lui sont associées. Dans cette perspective, la souffrance psychique, maladie ou mal-être, n'a de sens que selon les croyances sociales ainsi que les prescriptions et pratiques thérapeutiques mis en place à son égard. Prenant comme point de départ que les modèles sociaux épidémiologiques des comportements suicidaires servent d'ancrage au système de connaissance et aux codes d'interprétation du suicide socialement véhiculés, cette étude met en évidence l'interdépendance de différents champs représentationnels homogènes du suicide. À la lumière de la théorie du noyau central, cette étude montre comment ces différents champs s'articulent au sein de la structure signifiante de la représentation du suicide. Spécifiquement, cette étude met en évidence : (i) le caractère structurant de la notion de souffrance psychique dans sa dimension socialement construite, mais aussi la dimension du corps bien que celle-ci suscite des mécanismes de déni ; (ii) le caractère fonctionnel essentiel de la violence, du genre, et de l'ordalie en tant qu'automatismes mentaux des rapports sociaux. Enfin, un rapprochement est effectué entre la représentation sociale du suicide et celle de la prise de risque. Ainsi, au-delà des caractéristiques individuelles ou sociétales, c'est sous une approche intégrative que cette étude met en exergue l'importance de la construction sociale du suicide. Elle conclut en proposant non un modèle additif mais une approche intégrative qui prend en compte les forces d'interaction entre les mécanismes mentaux et les mécanismes sociaux. C'est dans cette même perspective que s'inscrit le concept de résilience en tant que construction mentale de l'altérité. Une politique de prévention plus sociale pourrait donc reposer sur l'articulation du concept de résilience et du champ ouvert par la théorie du noyau central (Abric, 1976) au sein de la psychologie sociale des représentations (Moscovici, 1961 ; 1976) pour comprendre les logiques des rapports à la souffrance et aux procédés de soulagement qui lui sont consacrés.