Thèse soutenue

Paradoxes de l'énergie dans la pensée musicale de Schoenberg : le chemin renversé de la composition

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Auteur / Autrice : François Giroux
Direction : Jésus Aguila
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Musicologie
Date : Soutenance en 2007
Etablissement(s) : Toulouse 2

Mots clés

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Résumé

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Rencontrer l'oeuvre de Schoenberg signifie, aujourd'hui encore, se confronter à l'intense accumulation d'énergie de sa polyphonie et à la densité de sa pensée théorique. La présente étude fait apparaître un faisceau de paradoxes, pour aborder des oeuvres dont l'excès d'énergie est destiné à s'opposer à l'épuisement du matériau musical, à un moment de l'histoire où la privation de « centre » s'étend des mots aux sons, et finit par gagner tout l'humain. Face à ce que Schoenberg a perçu comme une déréliction, la démesure des tensions inhérentes à sa musique engendre des contradictions croisées ; l'oeuvre provoque alors l'étonnement : sitôt composée, elle devient un objet d'auto-herméneutique. À de multiples reprises, Schoenberg a cherché à établir patiemment les postulats de la cohérence (Zusammenhang), en laissant apparaître le processus de génération de ses idées. Cette étude commence par établir le concept de Zusammenhang pour, ensuite, le retrouver dans trois oeuvres de périodes radicalement différentes : le premier Quatuor op. 7, l'op. 11 pour piano et le Trio à cordes op. 45. Sont alors analysés les îlots, césures, fenêtres ouvrant sur des points d'orgue qui rassemblent l'instant, le noyau de leur énergie, l'immobile foyer de tout mouvement, trace du combat mené par l'oeuvre pour briser l'orientation univoque du flux temporel, pourtant condition de son existence. Au creux de la composition de Schoenberg réside une forte charge utopique, qui montre le double contenu – fini et infini – de l'oeuvre, inscrivant l'obligation, pour l'auditeur, de s'engager à rebours, dans le chemin renversé qui conduit de l'écoute immédiate vers les intuitions précompositionnelles du musicien.