Thèse soutenue

Sans défense ? : antimissiles et stratégie nucléaire aux Etats-Unis (1946-1976)

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Auteur / Autrice : Jean-Philippe Baulon
Direction : Hervé Coutau-Bégarie
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire des doctrines stratégiques
Date : Soutenance en 2007
Etablissement(s) : Paris, EPHE
Partenaire(s) de recherche : autre partenaire : École pratique des hautes études (Paris). Section des sciences historiques et philologiques
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Bruno Colson

Résumé

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Entre 1946 et 1976, les Etats-Unis conçoivent puis déploient une première défense contre les missiles. La médiocrité opérationnelle du dispositif final contraste avec la place de plus en plus centrale qu’occupent les antimissiles dans la pensée stratégique. Il faut donc dépasser le thème des applications militaires de la science : l’intérêt pour la défense stratégique n’obéit pas à un simple déterminisme technique. Des sources abondantes – littérature ouverte, auditions parlementaires, documents déclassifiés – révèlent la diversité des enjeux : les antimissiles posent certes un difficile problème de recherche et développement mais ont aussi de sérieuses implications doctrinales, bureaucratiques, politiques et diplomatiques. Les antimissiles concourent à une énonciation spécifique de la stratégie nucléaire aux Etats-Unis. Les réflexions qu’ils inspirent dépassent le rêve de l’insularité restaurée pour évaluer la pertinence des grandes notions comme la dissuasion, la stabilité, la victoire et la survie. A l’occasion des controverses sur les antimissiles, des traits durables de la stratégie nucléaire américaine se renforcent : le souci du détail opérationnel, l’application d’une rationalité technique et comptable, l’oscillation entre la destruction assurée et la guerre contrôlée, la conciliation souhaitée de l’efficacité et de la moralité, une certaine prétention d’universalité. Le débat divise experts et décideurs en deux cercles distincts ; l’un se soucie d’établir une relation stable de dissuasion, l’autre insiste sur la perpétuelle précarité de l’équilibre stratégique