Thèse soutenue

L' activiste et le colon : l'assassinat politique moderne en Egypte : d'Urabi Pasha à Hassan Al-Banna (1881-1949)

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Auteur / Autrice : Stéphane Ventos
Direction : Robert Ilbert
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Mondes africains, arabes et turcs
Date : Soutenance en 2006
Etablissement(s) : Aix-Marseille 1

Résumé

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A la suite du mouvement national urabiste, prétexte à l'occupation anglaise en 1882, l'idée de l'assassinat politique a mûri en Egypte pendant une trentaine d'années, dans le giron des sociétés secrètes nationalistes toujours renaissantes. Ce processus fut achevé par les membres éminents du Parti national, au lendemain de la mort de son fondateur, Mustafa Kâmil. Au-delà de la volonté d'un appareil politique, le crime politique trouvait d'autres ferments sur la terre du Nil ou au dehors. L'exaspération de la couche sociale effendie, embryon d'une bourgeoisie moyenne moderne, s'estimant bloquée dans son désir d'ascension sociale, permettait de recruter des candidats au passage à l'acte. Ces griefs trouvèrent à se focaliser contre la personne de Butrus Ghâli, Premier ministre copte devenu l'incarnation de la traîtrise. A travers l'assassinat politique de cet homme, archétype d'une pratique politique appelée à se reproduire et à s'enraciner, les jeunes étudiants égyptiens firent leur entrée dans l'histoire politique égyptienne. Ils s'affirmèrent notamment comme les acteurs désormais incontournables des meurtres politiques qui jalonnèrent les années 1910-1924 et 1930-1937, entrecoupées de courtes périodes de pauses, jusqu'à atteindre le stade ultime du terrorisme meurtrier, d'opposition ou étatique, sapant les bases du pourvoir entre 1945 et 1949. De simples militants violents mais inexpérimentés, ces jeunes Egyptiens s'étaient mués en véritables spécialistes du meurtre politique et du coup d'Etat, pour un horizon politique ou politico-religieux des plus variés. Il était dès lors difficile pour l'Egypte libérale de répondre au double défi des inégalités sociales croissantes et de l'approfondissement de la démocratie, tout en trouvant un compromis acceptable avec les Européens et la Grande Bretagne, dans le lourd climat entourant la première guerre de Palestine. Face à des forces politiques traditionnelles divisées et radicalisées, la violence politique ouvrait le chemin du pouvoir à une catégorie sociale longtemps restée en retrait, les militaires.