Thèse de doctorat en Linguistique indoeuropéenne
Sous la direction de Georges-Jean Pinault.
Soutenue en 2005
à Paris, EPHE , en partenariat avec École pratique des hautes études. Section des sciences historiques et philologiques (Paris) (autre partenaire) .
Le jury était composé de Jan E. M. Houben.
Pour ne pas abandonner à une pure équivocité la polysémie du terme grec “Sophia”, lequel va de la simple sagacité du déchiffreur d'énigmes à la science universelle parce que première, nous proposons de relire les textes fondateurs de la philosophie à la lumière d'une méthode nouvelle: le comparatisme indo-européen, méthode qui a déjà prouvé ses vertus systématisantes en grammaire et en mythologie. L'Inde, ayant elle aussi valorisée la parole vraie comme une figure de l'excellence spirituelle suprême, occupe dans cette comparaison une place privilégiée. La fameuse " théorie des idées " de Platon, véritable cœur de la sagesse grecque, se révèle ainsi déductible de la différence archaïque entre noms de la langue des dieux et noms de la langue des hommes, différence instituée notamment par les poètes védiques et présente dans la plupart des cultures indo-européennes. Alors s'estompe l'antagonisme entre les champions de la parole que sont les sophistes et la quête platonicienne de l'essence de chaque chose. Et le symptôme d'une filiation commune entre ces deux déterminations rivales de la sagesse, c'est que les uns et les autres font allégeance aux Mystères d'immortalité d'Eleusis, chacun se targuant d'en être le seul héritier légitime. Ces rites, qui doivent mener l'individu à sa propre perfection par un cheminement intérieur, constituent sans doute le relais par lequel Platon a reçu les linéaments, de son ontologie opposant la déficience du sensible à la perfection de l'intelligible. Car cette ontologie n'est pas sans rappeler le mode d'existence du Veda en Inde, et le Veda contient de nombreux rites ou mythes analogues aux Mystères grecs.
Wisdom languages in Ancient Greece and Ancient India
In order to temperate the equivocity of the greek word " sophia ", which designates the plain cleverness of the riddle-decipherer so as the universal knowledge based on the highest reality, we suggerate to read again the grounding texts of philosophy according to a new method: the indo-european comparatism. This method has already shown his systematizing power in grammar and mythology. India, because having elevated, on his own side, the true speech to the rank of spiritual excellency, has got a priviledged place in this comparison. For example, the famous Plato's “theory of ideas”, true center of the greek wisdom, appears now deductible from the very old contrast between the language of god's and the language of men, contrast wich has been instituated notably by the vedic poets and which is present in most of indo-european cultures. So the rivality between the sophists, as champions of speech, and the platonic quest of the essence of each thing, is softening. And the trace of common filiation of these two antagonist interpretations of wisdom lies in the fact that both swear allegiance to the Eleusinian mysteries of immortality, each pretending to be their one legitimate heir. These rites, that are supposed to bring a man to his own perfection along an inner path, are the most probable relay from which Plato has got the bases of his ontology opposing the default of the sensible and the perfection of the intelligible: this ontology is quite near of the Veda mode of being, and the Veda describes a lot of rituals or myths which analogous mysteries.