De l'expressivité au sens dans la poésie ivoirienne d'expression française
Auteur / Autrice : | Kobenan N'guettia Kouadio |
Direction : | Jean Derive |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Poétique et littérature |
Date : | Soutenance en 2005 |
Etablissement(s) : | Chambéry |
Résumé
En se fixant pour objet la recherche d'une identité propre aux productions littéraires africaines qui les distingue des créations littéraires occidentales afin d'échapper au péril assimilationniste, de nombreux critiques africains ou africanistes commettent une erreur de jugement. En effet, les règles de pertinence retenues pour opposer ces créations issues de ces deux sphères culturelles ayant en commun l'usage d'une même langue, le français, sont biaisées dans la mesure où ces analyses ne retiennent, comme critère de définition de la poésie française, que le classicisme. Ce courant littéraire serait caractérisé, selon eux, par des règles métriques rigides, auquelles s'opposeraient les productions poétiques africaines libérées des contraintes métriques. En tenant compte de tels critères, la poésie africaine aurait un rythme plus libre et plus heurté. Cependant, ces déclarations de principe ne se fondent, pour les besoins de la comparaison, sur aucun fait textuel. Pour éviter de telles erreurs, nous avons pris le parti de mener une étude contrastive entre des oeuvres poétiques ivoiriennes et des créations poétiques françaises, jugées respectivement représentatives de la poésie africaine contemporaine et de la poésie occidentale du XXe siècle. Le critère de pertinence retenu réside dans la proximité formelle des deux littératures d'autant plus qu'elles sont toutes deux libérées des contraintes métriques et censées s'inspirer de l'oralité. Cette étude contrastive privilégiant les poétiques du rythme et de la productivité, démontre que l'identité de toute oeuvre est singulière bien que les micro-structures formelles des deux types de poésie soient similaires sur bien des points. Cependant, lorsque cette opposition prend en considération les structures formulaires relevant de la macro-structure des textes, la différence se fait plus précise, plus nette. Nous avons définitivement établi, sur la base de cette mise en regard des deux littératures, que ce sont deux modalités de civilisation qui caractérisent ces productions poétiques : celle d'une civilisation dominée par l'écriture et celle d'une culture ancrée dans l'oralité.