La tradition des divertissements divins de Hayachine : interprétation savante et réalité
Auteur / Autrice : | Catherine Delpuech |
Direction : | Laurence Caillet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ethnologie |
Date : | Soutenance en 2004 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La province du nord-est du Japon est considérée par la plupart des japonais comme un conservatoire de tradition, particulièrement le département d'Iwate qui se trouve à environ cinq cents kilomètres de la capitale. C'est une région réputée pour ^etre reculée et quelque peu arriérée où les gens sont très attachés à leur mode de vie. Nous étudions ici une tradition populaire de danses rituelles, celle des "divertissements divins" ou kagura, qui concrétise cet attachement dans les villages de Take et Ôtsugunai, respectivement situés sur le versant sud et au pied de la montagne Hayachine. Les kagura font partie des "arts folkloriques" geinô. Le terme kagura désigne les danses et les musiques du culte shintô, i. E. La "voie des kami", soit la "voie des dieux" ou des "êtres supérieurs". Cependant, dans leur ensemble, les divertissements divins appartiennent à une catégorie très hétérogène, aussi bien au plan religieux que théâtral. Ils sont constitués de danses rituelles simples ou complexes accompagnées de musiques, de chants et de récits, dont le genre parfois archai͏̈sant les classe parmi les danses de tradition immémoriale. La plupart des études existantes cherchent à établir une vérité de la tradition à partir d'une vision historicisante et/ou religieuse. Cette méthode, qui isole le rituel de la réalité des danseurs et du contexte sociologique, a servi à mettre au point des théories qui tendent à la pétrifier. Nous avons voulu saisir les sens que les acteurs confèrent à leur tradition aujourd'hui et comprendre comment celle-ci opère et permet de redéfinir une identité locale. Cette identité s'est construite dans le cadre d'un dualisme sans cesse souligné par les autochtones. Nous avons donc mené notre enquête d'un double point de vue non seulement quant à la forme et au contenu du rituel mais quant aux expressions du dualisme dans la réalité sociale. Par l'analyse des textes anciens, de leurs gloses et leur comparaison avec la pensée locale, ainsi que celle des enseignements tirés de nos observations sur place, nous confirmons notre hypothèse de départ, à savoir que la dichotomie entre deux modes d'interprétation se traduit par deux modes de transmission différents de la tradition de Hayachine sont seul le second opère dans le sens de la perpétuation vivante de la tradition.