Joseph Conrad et Borneo, 1895-1920 : chronotopes bornéens dans l'oeuvre de J. Conrad
Auteur / Autrice : | Patrick Tourchon |
Direction : | Josiane Paccaud-Huguet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Etudes anglophones |
Date : | Soutenance en 2004 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Les critiques conradiens font souvent peu de cas de la topographie. De Robert Lee à John Stape, nombre d'érudits nient la pertinence des références géographiques au nom d'un allégorisme, d'un symbolisme ou d'un psychologisme plus ou moins explicite. Le point de départ de cette thèse est de remettre en question ces présupposés et d'accepter la possiblilité pour l'espace et le temps, en tant que ce sont aussi des catégories littéraires, d'être essentiels dans les romans et les nouvelles de Conrad. Dès que Conrad se réinsère ainsi dans l'espace-temps, le concept bakhtinien de chronotope devient applicable. Ce qui veut dire qu'un appareil théorique complexe et riche devient disponible. Car non seulement le chronotope réunit le temps et l'espace, mais il implique de plus une interrogation sur l'émergence du sujet, tout comme il amène à examiner les différentes voix qu'un texte donne à entendre pour une polyphonie potentielle. Le concept bakhtinien, pourvu qu'il se soutienne d'une sémiotique peircéenne et s'enrichisse de développements plus récents opérés par Lacan, couvre donc aussi bien la narratologie que la pragmatique, l'analyse que la rhétorique. Or, Joseph Conrad est un auteur si "chronotopique" qu'une typologie de ses oeuvres peut se foncer sur la localisation précise de ses décors narratifs. Parmi ces décors, Bornéo se distingue comme le lieu que Conrad n'a jamais vraiment quitté : de son premier roman (Almayer's Folly, 1895) à son avant-dernier (du moins publié) (The Rescue, 1920), il ne cesse de revisiter l'île. Une approche bakhtinienne ne pouvait donc qu'éclairer un tel signifiant insistant, et ainsi éclairer aussi les procédés créatifs de Conrad.