Thèse soutenue

La gestion de la dépression féminine : une anthropologie de la souffrance psychique à Jannina, en Epire (Grèce)

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Auteur / Autrice : Athéna Peglidou
Direction : Marie-Élisabeth Handman
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ethnologie et anthropologie sociale
Date : Soutenance en 2004
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Comment du point de vue des femmes dépressives se construit la notion du mal psychique et plus particulièrement de l'intérieur psychique? La dépression sert au cours de cette analyse comme fil conducteur pour mettre en relief non seulement les logiques symboliques qui régissent l'expérience subjective de la souffrance mais aussi l'expérience du psychique elle-même. Il apparaît que la dépression, diagnostic depuis la mise en oeuvre de la réforme psychiatrique dans les années 90 anodin et synonyme de la souffrance psychique, sert à refléter, renforcer et négocier des domaines d'expérience et d'action qui sont le partage des femmes. Elle symbolise, en d'autres mots, la peine de vivre comme femme. Pour aborder ces deux questions cette recherche se fonde sur les discours des sujets souffrants recueillis au Centre de santé mentale de la ville de Jannina, en Epire. L'analyse se développe sur trois axes : le premier s'attache à explorer le vécu de la soufrance psychique, les signes révélateurs de la pathologie qui concerne le corps, le sommeil et les rêves. Le somatique devient ici un locus référentiel à travers lequel le psychique est pensé. La notion de nerfs semble allier le psychique et le corporel. Nous montrons aussi comment les codes locutifs révèlent les représentations spécifiques du corps, des nerfs et de l'intérieur psychique; le deuxième vise à présenter la réflexion de mes informatrices sur les causes de leur condition. Nous voyons donc comment la maladie met en cause l'environnement social de la patiente ainsi que l'ordre céleste lorsque le trouble est identifié au mal absolu, le diable; enfin, le troisième axe porte sur un ensemble de thérapies destinées à soigner le mal psychique dans ce contexte spécifique et sur le recours alterné aux divers thérapeutes ou institutions. Là, nous nous proposons de mettre à jour les logiques curatives de la psychiatrie grecque et celles de l'Eglise orthodoxe, détentrice de la représentation du psychique à travers la notion de l'âme. Une esquisse des recours aux soins multiples et hétérodoxes, et notamment les stratégies des patientes face aux contraintes d'une telle discordance, nous amènera à la conclusion de cet essai.