Thèse soutenue

Nietzsche et la théâtralité : esquisse d'une généalogie de l'acteur

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Auteur / Autrice : Jacques Goetschel
Direction : Philippe Lacoue-Labarthe
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 2003
Etablissement(s) : Université Marc Bloch (Strasbourg) (1971-2008)
Partenaire(s) de recherche : Autre partenaire : Université Marc Bloch (Strasbourg ; 1971-2008). UFR Philosophie, linguistique, informatique et sciences de l'éducation

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Ce travail se propose, à la croisée de champs interdisciplinaires et d'une lecture intertextuelle, de dégager une théâtralité qu'une généalogie de l'acteur révélera à travers une variété de figures. Sa définition hors du théâtre en fera ressortir une caractéristique essentielle : une altérité radicale. Sa présence multiforme sera interrogée à différents niveaux. Du théâtre pour commencer où elle paraît évidente, la théâtralité ne se présenterait-elle pas plus fondamentalement comme un instinct ou un jeu, révélateurs d'une vérité originaire ? La difficile articulation de la création et de l'imitation rendra compte de la délicate question de l'originalité : comment devient-on inimitable ? Question pour l'écrivain, elle se posera également pour l'acteur. Si l'écart entre le théâtral et le vécu est respecté dans le jeu des acteurs du chœur de la tragédie grecque, y compris à sa naissance, en revanche, cet écart sera violemment critiqué par une tradition que Platon inaugure et que perpétueront les Pères de l'Eglise et Rousseau même s'ils sont portés par d'autres motifs et schémas de pensée. Il reste, qu'au fond, ce qui les rend irascibles devant cette puissance inquiétante, ce n'est rien d'autre que le côté féminin de l'acteur. C'est ce danger que Nietzsche aura perçu et pensé comme une hystérisation et un histrionisme : un phénomène envahissant dans tous les domaines jusqu'à les parasiter : de la musique wagnérienne à l'histoire, des mythes à la culture et à la presse où les Juifs vont se distinguer. Défiance et admiration pour ce peuple de comédiens de l'errance, et du Salut quand ils se font prêtres chrétiens, Nietzsche retrouvera cette ambivalence à l'égard de l'énigmatique comédienne qu'est la femme. De cette inimitable théâtralité et de cette inaltérable altérité que représentent les Juifs et les femmes, Nietzsche n'aura pu s'approcher qu'en assistant, derrière ses propres masques, à sa propre tragédie. Pour guérir de soi-même en devenant autre, il lui aura fallu , non seulement prendre les masques des autres, mais se jouer à lui-même son unique personnage sur sa propre scène où il a rejoint Dionysos.