Thèse soutenue

Prédispositions aux toxicomanies : influence de la recherche de nouveauté, de l'anxiété et de la dépression sur la vulnérabilité à différents agents toxicomanogènes

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Auteur / Autrice : Yann Pelloux
Direction : Jean Costentin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie. Neurosciences
Date : Soutenance en 2003
Etablissement(s) : Rouen

Résumé

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Il est communément admis qu'il existe chez l'homme comme chez l'animal, une grande variabilité de susceptibilité aux drogues. Certains traits de personnalité et comportements pathologiques couramment observé chez les toxicomanes est la recherche de nouveauté. De plus, certains auteurs ont observé que les sujets anxieux et dépressifs abusent aussi fréquemment de drogues. Nous avons donc recherché chez l'animal, l'influence respective de ces différents facteurs comportementaux dans la vulnérabilité aux agents toxicomanogènes. Dans un premier temps, nous avons donc comparé au sein de populations de rat de la souche Wistar, l'influence de la réponse à la nouveauté, selon qu'elle est présentée de façon imposée ou dans une situation de libre choix, sur la vulnérabilité aux effets de différents agents appétitifs naturels et toxicomanogènes. La réactivité à la nouveauté imposée est associée à une plus grande sensibilité aux effets appétitifs d'une faible dose d'amphétamine et à une moindre consommation d'amphétamine, de morphine et de saccharose. A l'opposé, la préférence pour la nouveauté s'accompagne globalement d'une moindre sensibilité aux effets appétitifs de faibles doses d'amphétamine et de cocai͏̈ne et d'une plus grande consommation orale d'amphétamine, de morphine, d'éthanol et de saccharose. Les hauts répondeurs à la nouveauté imposée seraient plus sensibles aux drogues et auraient donc besoin d'en consommer moins pour être contentés. Les animaux exprimant une plus grande préférence pour la nouveauté seraient moins sensibles aux effets des drogues et auraient besoin de quantités notablement plus importantes pour obtenir un niveau optimal de stimulation. Ils seraient plus sensibles aux phénomènes de renforcement positif. Alors que les réponses à la nouveauté semblent présager principalement de la sensibilité à de faibles quantités de drogue, l'anxiété et la résignation semblent davantage influencer la réponse aux plus fortes quantités de drogue. Ainsi l'anxiété déterminée sur les épreuves du double compartiment blanc/noir et du labyrinthe en croix surélevé, au sein de populations générales de rats de la souche Wistar ne prédit pas la préférence de place conditionnée induite par de faibles doses de cocai͏̈ne, d'amphétamine et de morphine. Toutefois, elle favorise l'appétence pour de plus fortes doses de cocai͏̈ne et d'amphétamine. De la même façon, l'anxiété n'influence pas la consommation orale d'amphétamine à partir de solutions faiblement concentrées, mais les anxieux consomment moins d'amphétamine que les non anxieux lorsque celle-ci est présentée dans une solution plus concentrée. De plus les animaux anxieux supportent moins bien une réduction de la concentration de la solution alcoolisée ou une privation d'éthanol, suggérant qu'ils sont plus sensibles aux phénomènes de renforcement négatif et présenteraient ainsi une propension accrue à la rechute. Chez les rats mâles, la durée d'immobilité dans l'épreuve de la nage forcée ne présage pas de la sensibilité aux effets appétitifs de faibles doses d'amphétamine, de cocai͏̈ne et de morphine. Au sein de populations hétérogènes de souris mâles et femelles de la souche CD1, nous avons pu établir que l'immobilité dans l'épreuve de suspension par la queue est prédictive de l'anhédonie induite par des stress chroniques légers chez les femelles mais pas chez les mâles. De plus, les femelles les plus résignées dans l'épreuve de la suspension par la queue consomment plus d'éthanol à partir d'une solution fortement concentrée et développent une plus grande préférence de place conditionnée induite par une forte dose d'éthanol que les femelles non résignées. Ces résultats semblent donc montrer que les réponses à la nouveauté d'une part et l'anxiété et la résignation d'autre part seraient impliquées de manière différente dans la vulnérabilité aux drogues.