LaTroncation lexicale en français contemporain : aspects linguistiques
Auteur / Autrice : | Anna Markova |
Direction : | Marc Hug, Albena Vassileva-Iordanova |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Linguistique française |
Date : | Soutenance en 2002 |
Etablissement(s) : | Université Marc Bloch (Strasbourg) (1971-2008) en cotutelle avec Sofijski universitet Sv. Kliment Ohridski |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Traditionnellement considérée comme une règle d'abréviation et par conséquent comme un moyen d'économie langagière, la troncation lexicale reçoit dans la présente étude une nouvelle définition qui présente l'avantage d'intégrer un ensemble de formes linguistiques de profil varié, mais motivées à leur base par la même opération morphophonologique. L'abrègement par suppression d'un phonème/une suite de phonèmes contigus à l'initiale (aphérèse) ou à la finale (apocope) du mot est placé en corrélation étroite avec une addition de signification connotative familière et avec des ajouts facultatifs d'ordre morphophonologique, graphique, sémantique dénotatif, sémantique connotatif (autre que familier). Opérant aussi conjointement (troncation bilatérale), les deux mécanismes sont en outre souvent associés à d'autres procédés (ellipse, suffixation, redoublement, syncope) et construisent parfois des lexies de longueur égale, voire supérieure à celle du mot de départ en termes de phonèmes. L'éventail d'objectifs que poursuit l'abréviation en général, la multitude de facteurs expliquant la productivité accrue de la troncation en français contemporain autorisent un cadre élargi qui va au-delà du principe économique. Marqués par des déviances au plan sémantique dénotatif (réduction, accroissement de polysémie), empreints d'une valeur familière, les tronqués apparaissent comme des synonymes partiels (synonymie de sémème) et relatifs (différence de niveau de langue) des lexèmes entiers correspondants. Leur usage s'inscrit dans la subjectivité du langage (familiarité, connotation énonciative affective/axiologique), du phénomène d'intertextualité (homonymie recherchée avec des mots entiers) et de la fonction poétique du langage (jeux de mots). Les interférences des codes oral et écrit (adaptations graphiques, modifications phonologiques) et une vitalité particulière dans les langues de groupes (argots de métier, français des banlieues) complètent le portrait de la troncation lexicale.