Thèse soutenue

Le livre des canons arméniens (Kanonagirk Hayoc) : église, droit et société en Arménie du IVe au VIIIe siècle

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Auteur / Autrice : Aram Mardirossian
Direction : Jean-Pierre MahéJean-Pierre Poly
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire du droit
Date : Soutenance en 2002
Etablissement(s) : Paris 10

Mots clés

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Résumé

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Pays de droit coutumier, le royaume de Grande Arménie adopte le christianisme comme religion officielle au début du IVe siècle. Cette conversion a des conséquences juridiques: à côté de la loi orale apparaît une nouvelle catégorie de normes, le droit canonique qui est écrit. Ces nouvelles normes ne se substituent pas aux anciennes; on assiste plutôt à une sorte de répartition entre les canons, limités à la sphère religiieuse et le droit coutumier qui garde un caractère plus général. Cette évolution s'accélère après l'invention de l'alphabet arménien vers l'an 400. Le synode de Sahapivan réuni en 444 édicte pour la première fois une législation canonique réellement adaptée au pays. Celle-ci reprend les canons d'origine gréco-syriaque déjà présents en Arménie qu'elle complète par une série de canons qui présentent sur plusieurs points un caractère révolutionnaire par rapport à la société arménienne fondée sur le dynasticisme, c'est-à-dire un type de structure politique qui occupe une place intermédiaire entre une société clanique et un État centralisé. Le corpus établi à Sahapivan est interpolé et augmenté au début du vue s. Par le célèbre docteur julianiste Yovhannés Mayragomec i, chef de la frange de l'Église arménienne radicalement opposée au concile de Chalcédoine (451), que celle-ci avait rejeté en 552/553. Ce nouveau recueil qui n'a pas un caractère officiel insiste sur les origines apostolique et orthodoxe du droit canonique arménien, mais sur le fond, il trahit fréquemment la doctrine ultra-monophysite de son auteur. Au début du Mlle s. , le catholicos Yovhannés Awjnec'i met fin à la pluralité confessionnelle qui existait jusqu'alors dans le pays pour imposer une doctrine anti-chalcédonienne modérée avec l'appui du Califat arabe destiné à prévenir toute intrusion des Byzantins. Dans le cadre de cette politique, le catholicos procède à une normalisation juridique qui se concrétise par la promulgation officielle du Livre des canons. Ce dernier reprend le corpus de Sahapivan et la partie des canons du vue s. Qui ne trahissent pas une coloration trop nettement monophysite. Le Livre des canons restera dans l'histoire comme l'oeuvre juridique majeure de l'Église arménienne.