Thèse soutenue

L'avis privé au siècle des lumières

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Ghania Anki-Weisel
Direction : Roger Marchal
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue et littérature françaises
Date : Soutenance en 2002
Etablissement(s) : Nancy 2

Résumé

FR  |  
EN

Cette enquête ambitionne de définir, aux marges de la littérature morale et de la pédagogie des Lumières, les caractéristiques originales d'un genre : celui des avis privés. S'inscrivant dans la tradition aristocratique d'éducation, primitivement conçu pour pourvoir à l'instruction morale et à la formation mondaine d'un membre de la famille et devant par conséquent circuler à l'intérieur de ce cercle, l'avis privé a fini par quitter l'espace de la confidence pour entrer dans le circuit anonyme des ouvrages imprimés. Le répertoire bibliographique des avis privés dévoile une histoire longue de près de six siècles, car, de 1493 à 1996, il égrène noms d'auteurs, et titres anonymes. Notre corpus s'étend de 1699 à 1794, de Fénelon à Condorcet. La génèse du genre montre que l'avis privé est né des influences conjuguées du " Miroir des Princes " et du " guide du courtisan ", eux-mêmes puisant dans le fonds de la littérature antique. En épousant étroitement l'histoire, toutes les histoires, le genre s'adapte à merveille aux périodes qu'il traverse et se situe aux croisements des débats sur l'éducation, sur la religion, sur le féminisme, sur la politique - dont il traduit les soubresauts tragiques. Il reproduit, restitue les courants de pensée, et, tout en évoquant les morales de l'honnêteté et de la sociabilité, il compose une véritable chronique des mœurs. Qui plus est, il met en évidence la problématique posée par le statut de l'écriture mondaine. Pourquoi et pour qui écrit-on ? On écrit ses avis pour, dit-on, instruire et pour se divertir. L'écriture aristocratique se définit elle-même comme le fruit d'un loisir et/ou d'un devoir privés ; mais bien vite il apparaît que les motivations sont autres : on écrit pour se libérer, se rechercher, se réformer. Ainsi, en se prêtant à un discours feutré sur le " moi ", le genre des avis se situe aux frontières de l'autobiographie.