Thèse soutenue

Le cinéma de Robert Bresson : du récit au sublime

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Auteur / Autrice : Jean-Louis Provoyeur
Direction : Bernard Sichère
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres, sciences humaines et sociales
Date : Soutenance en 2001
Etablissement(s) : Paris 7

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Presque tous les films de Robert Bresson sont tirés de récits écrits mais rien n'est plus spécifiquement cinématographique que le cinéma de Bresson. En nous interrogeant sur les rapports entre l'écrit et le film et sur la spécificité du cinéma par rapport à la littérature, il est apparu que le cinéma de Bresson est marqué par la fréquence toujours plus grande d'images privées de contenus narratifs, des images que nous avons appelées " dénarrativisées" : Bresson fait un récit avec des images qu'il veut le moins narratives possible, contraignant ainsi le spectateur à reconstituer mentalement ou verbalement le récit. L'image est donc séparée du récit. Le récit (le sens) est son dehors. Bresson entend ainsi échapper à un type de cinéma qu'il refuse : le "théâtre photographié". Une telle pratique du cinéma est renforcée par l'interdiction faite aux acteurs de jouer : c'est la caractéristique principale du "modèle" dont Bresson expose longuement les principes dans ses "Notes sur le cinématographe". Le principe de dénarrativisation a deux effets : le premier est de produire un effet de réel (et non, comme Bresson le soutient, de mettre le spectateur face au réel). L'effet de réel est en effet toujours le résultat d'une suspension du récit. Le second effet est de produire un effet de sublime : le sublime selon Kant est précisément ce qui échappe à la représentation. Le sens de l'image, comme le récit, n'est pas dans l'image. L'image dénarrativisée prend ainsi une dimension métaphysique à l'intérieur d'un récit qui se veut toujours réaliste. Quant au sublime chez Bresson, il concerne toujours la mort qui, elle, n'est jamais représentée. La dénarrativisation est donc le procédé formel qui, dans les films de Bresson, donne à la mort sa dimension de mystère sacré et sublime.