Thèse soutenue

Chateaubriand traducteur : de l'exil au Paradis perdu

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Auteur / Autrice : Marie-Elisabeth Veto-Bougeard
Direction : Pierre Brunel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Linguistique
Date : Soutenance en 2000
Etablissement(s) : Paris 4

Résumé

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De ses essais fragmentaires de jeunesse à la traduction intégrale de Paradise lost en 1836, le fait traductif tient dans sa vie un rôle essentiel. Depuis l'exil en Angleterre, et ses traductions d'abord alimentaires, un cheminement le mène des extraits (Contes ossianiques, Beattle, etc. ) jusqu'à Milton qui a exercé sur lui une forte emprise littéraire, politique et religieuse : cette quête de soi qu'est la traduction a sur son œuvre propre des retentissements importants. Mais par sa revendication à provoquer une "révolution dans la manière de traduire", Chateaubriand pose son activité hors du seul domaine de l'expérience personnelle : les caractéristiques de son projet, les comptes, rendus de l'époque et les pratiques des traducteurs antérieurs et postérieurs révèlent de fait son caractère novateur, mais aussi les contradictions de sa position qui reste assez isolée dans cette période charnière pour le fait traductif. Une révolution se produit néanmoins dans sa pratique de traduction, entre le conformisme des débuts et la littéralité surprenante du paradis perdu, littéralité qui se permet aussi, grâce à une stratégie d'effet de calque, des libertés créatrices ; mais la clef de cette traduction réside sans doute dans l'humilité de l'ascèse verbale que s'impose Chateaubriand pour rendre ce texte qui lui est sacré, et qu'il faut relier à un héritage chrétien augustinien de réflexion sur l'esthétique et les pouvoirs de la parole.