Thèse soutenue

De "L'assomoir"aux "Bouts de bois de Dieu" : le monde du travail vu par Émile Zola et Sembène Ousmane
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Auteur / Autrice : Thaddée Habiyakaré
Direction : Anne-Marie Le Bourg-Oulé
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature comparée
Date : Soutenance en 1999
Etablissement(s) : Toulouse 2

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Le lecteur familier avec les univers romanesques de Zola et de Sembène a au moins pressenti les échos de Germinal dans les Bouts de bois de Dieu, deux œuvres emblématiques des deux hommes de lettres. A priori éloignés par l'espace et le temps, ces écrivains dégagent pourtant une sensibilité analogue vis-a-vis du monde ouvrier. Le propos de cette thèse consiste, entre autres, à démontrer qu'au-delà des affinités thématiques et idéologiques généralement attestées ou subrepticement évoquées par les critiques, les romans "ouvriers" de nos auteurs présentent également des similitudes troublantes sur le plan esthétique. Bien que suffisamment ancrée dans le terroir nègre-africain, l'œuvre de Sembène s'inspire largement - à l'instar de nombre de romans négro-africains de la décennie féconde 50/60, du reste - de l'esthétique réaliste du siècle dernier. Acquis à l'écriture mimétique et soucieux de reproduire le plus fidèlement possible la condition ouvrière, ces deux romanciers recourent à une mine de ressources aussi riches que variées comme la narration, la description, les images impressionnistes et mythiques, l'onomastique, les particularités lexicales ou stylistiques, les données sociologiques, historiques ou géographiques nécessaires au fameux "ancrage réaliste", etc. Ils tentent, avec plus ou moins de bonheur, de modeler leur palette en fonction du motif à dépeindre. Écriture révolutionnaire pour un thème révolutionnaire ? Rien n'est moins sûr. Les résultats de cette "alchimie" littéraire demeurent plutôt mitigés. Nonobstant leurs efforts, nos auteurs n'échappent nullement au conformisme classique. On relève dans leurs œuvres des procédés hérités de la tradition romanesque, alternant avec certaines hardiesses littéraires. Le présent travail se donne pour ambition d'analyser l'ensemble de cet outillage esthétique, de mettre en évidence le jeu de relations intertextuelles qui régit la diégèse érigée par nos deux auteurs et, en dernière instance, de prouver que le sens profond de ces œuvres réside surtout dans le rêve utopique d'un humanisme socialiste ; cette nouvelle "religion" appelée à résoudre la question sociale si chère à Zola. Serait-ce, pour nous, une façon de contribuer au dialogue des cultures, d'enrichir le débat et surtout d'inviter à la mise en lumière sur des voies sombres d'un domaine qui gagnerait à être, exploré ?