Miracles et religiosité dans l'historiographie du Pérou à l'époque baroque
Auteur / Autrice : | Éliane Talbot |
Direction : | Alain Milhou |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études ibériques |
Date : | Soutenance en 1999 |
Etablissement(s) : | Rouen |
Résumé
L'apparition de la Vierge et de Saint Jacques lors de la bataille du Cuzco en 1535 avait montré que dieu guidait les espagnols. Les miracles ne disparurent pas quand la conquête fut achevée. Accomplis essentiellement dans le cadre des images mariales, ils devinrent un véritable fait de société à partir des deux dernières décennies du seizième siècle. Ces miracles répondaient à des objectifs purement humains tout comme l'expansion ou la stagnation des cultes. Ces miracles s’inséraient, d'abord, dans le cadre de la stratégie des religieux chrétiens désireux de convaincre les Indiens en leur fournissant la preuve de visu de la vérité du message qu'ils diffusaient. Cependant, les miracles ne touchèrent pas seulement les Indiens de la région. Les Créoles les recherchaient également. En montrant que Marie avait choisi le Nouveau Monde, et tout spécialement le Pérou, pour faire irruption dans la vie des hommes, la pluie miraculeuse leur permettait de rejeter l'image négative dans laquelle les espagnols de métropole, les Gaghupines, cherchaient à les enfermer. Ils pouvaient donc revendiquer la place au sommet de la hiérarchie coloniale que ces derniers s'étaient octroyés. Résultats de la collusion entre les habitants du Pérou, qui y trouvaient leur propre intérêt, les autorités coloniales, car ils étaient facteurs de stabilité sociale à une époque ou l'exploitation des mines l'exigeait, et les religieux désireux de réussir leur stratégie d'évangélisation, ces miracles se transformèrent en pluie miraculeuse.