Thèse soutenue

Le travail, les migrations et les conflits en France : représentations et attitudes sociales sous la Monarchie de Juillet et la Seconde République

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Auteur / Autrice : Pierre-Jacques Derainne
Direction : Serge Wolikow
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 1999
Etablissement(s) : Dijon

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Nous avons fait l'histoire d'un type de conflits du travail en France, les conflits entre ouvriers liés à la perception négative d'une concurrence sur le marché du travail, notamment la concurrence des migrants. Dans ce cadre, nous avons analysé durant la période de la monarchie de Juillet et de la Seconde République les modes de construction sociale de l'identité et de l'extranéité, des discours de légitimation et d'illégitimation relatifs à la place sur le marché du travail, ainsi que les modes de projection du travail dans l'espace. En dehors du contexte du conflit proprement dit, nous nous sommes également intéressés aux discours producteurs d'identités collectives - le "corps", la "corporation", la "classe", le "peuple", la "nationalité", "l'humanité", le "cosmopolitisme" - émanant d'ouvriers ou d'individus s'adressant aux ouvriers, notamment les intellectuels républicains puis socialistes. En remontant à l'Ancien Régime, nous avons montré en quoi l'attitude de protection exclusive revêt un caractère structurant dans l'histoire du mouvement ouvrier. Nous avons mis en évidence les mutations culturelles qui s'effectuent dans le monde du travail après 1830, et qui se traduisent notamment par l'affaiblissement des référents identitaires traditionnels que sont le "corps" et le territoire local, au profit de la "corporation" nouvelle, ou de la "classe" qui se déploient eux dans l'espace national. Alors que se diffuse dans la société une hostilité aux ouvriers non nationaux et un sentiment de protection du travail national, l'idéologie républicaine et socialiste après 1830, oscille entre, d'un côté, le nationalisme universaliste et l'humanitarisme, et, de l'autre, l'enracinement national prolétarien, discours de la sueur et du sang qui associe le peuple, le travail, la nationalité et le sol, valorise la fixité et présente l'ouvrier, comme un producteur soldat attache au sol de la patrie.