Thèse soutenue

Réécritures du mythe de Caïn au XXe siècle : Le compagnon secret (Joseph Conrad), Abel Sanchez (Miguel de Unamuno), Demian (Hermann Hesse), A l'Est d'Eden (John Steinbeck), L'emploi du temps (Michel Butor), Le roi des Aulnes (Michel Tournier)

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Auteur / Autrice : Véronique Léonard-Roques
Direction : Alain Montandon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature comparée
Date : Soutenance en 1999
Etablissement(s) : Clermont-Ferrand 2

Résumé

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La spécificité et l'originalité des réécritures du mythe de Caïn dans les romans étudiés seront mieux saisies à l'issue d'un panorama diachronique qui, partant du récit biblique (Genèse IV), s'arrêtera sur ses principales lectures exégétiques, puis sur les grandes articulations de son histoire littéraire. Le Caïn du 20e est inséparable de la crise du sujet et des valeurs, des fractures historiques à l'oeuvre dans la modernité. La bipartition traditionnelle qui opposait Caïn et Abel selon un système axiologique radical, mais susceptible de se retourner, est frappée d'hybridité, vouée à l'ouverture et à la mobilité. L'équivocité que partagent les avatars des deux frères bibliques s'accompagne de l'exploration de la richesse d'un parcours caïnique tendu entre meurtre et création. L'ambiguïté de cet inténaire est idéale pour figurer le travail du négatif, la fécondité des déchirures, le processus de séparation et d'individuation autant d'éléments formulés par les penseurs de la modernité. Homo Faber, Caïn le civilisateur épouse la crise de la raison, ses risques de dérive vers la barbarie technicienne. Mais, père des artistes, il révèle aussi l'opposition entre monde hétéroclite de la vie et monde harmonieux de l'art, et la fonction d'antidote dévolue à celui-ci par une modernité qui cherche à unifier ses multiples fractures. Figure tragique mais porteuse d'espoir, le nouveau Caïn est placé au centre du processus dialectique de la création littéraire