Thèse soutenue

Les précieuses : contribution à l'histoire de la naissance des femmes de lettres en France au XVIIe siecle

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Auteur / Autrice : Myriam Dufour-Maître
Direction : Maurice Laugaa
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance en 1998
Etablissement(s) : Paris 7

Mots clés

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Résumé

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Le terme de precieuses s'applique-t-il a des femmes du xviie siecle. , ou ne designe-t-il que des fictions? quel sens donner a la preciosite? la satire des precieuses (1654-1661) est un acte de discours aux allures de saturnales, voire de mazarinade : diverses marques de prudence et la distinction entre vraies et fausses precieuses montrent qu'il s'agit pour la plupart de femmes puissantes et bien en cour. La ''nebuleuse precieuse'' est un milieu mele, traverse de tensions en ce temps de reaffirmation de la monarchie absolue. Outre leur role politique et culturel, beaucoup exercent une activite critique determinante et tachent de s'autoriser dans le champ litteraire par diverses scenographies et genealogies. Elles entreprennent de conquerir reussite ou succes litteraires tout en conservant leur ''habitus'' aristocratique et feminin. Leur esthetique est celle de la ''belle galanterie'' : decors, parures et gestes embellissent la conversation, veritable ''performance'' dont on retrouve les traits dans les genres et les formes des textes. Allegorisme discret, eutrapelie et gouvernement des passions marquent la filiation de cette ethique de l'esthetique avec l'humanisme devot, malgre les seductions du jansenisme. Entre mensonge galant et passion tragique, le tendre incarne l'ideal suspecte mais durable d'un univers harmonieux et lisible, d'une morale de la politesse. Alliees et rivales des litterateurs, les precieuses porteraient atteinte a la langue : elles sont en effet au coeur des questions linguistiques du temps (purisme, bel usage, mythe du naturel et arbitraire du signe). On caricature les precieuses, mais leur ideal continue de se diffuser jusqu'au milieu du xviiie siecle. La critique elabore au xixe siecle un veritable mythe des precieuses et de la preciosite, sensible encore au milieu du xxe siecle. Dernieres ''dames'' et premieres femmes de lettres, les precieuses interrogent la naissance meme de la litterature, de ses formes et de ses valeurs.