Thèse soutenue

Vacuité (śūnyatā) et compassion (karunā) dans le bouddhisme de l'école Madhyamaka

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Auteur / Autrice : Ludovic Viévard
Direction : Michel Hulin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences des religions
Date : Soutenance en 1998
Etablissement(s) : Paris 4

Résumé

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Le grand véhicule (mahayana) a développé une sotériologie nouvelle reposant à la fois sur l'idéal du bodhisattva caractérisé par la compassion (karuma) et sur la vacuité (sunyata). Cette dernière a fait l'objet de nombreux développements philosophiques et signe la particularité de l'école Madhyamika. Une interprétation instrumentale peut en rendre compte ; elle est l'instrument par lequel la dialectique progresse et réduit, via ses différents niveaux, les imaginations - facteurs subjectifs du samsara, barrant l'accès au nirvana. Cette dialectique absconse, voie directe vers la libération, contraste avec le modèle plus ouvert du bodhisattva. Oriente vers l'éveil, il fait vœu d'aider les êtres. Si sa carrière est bien codifiée, son principal moteur, la compassion, n'a été que peu commentée. On a donc suivi cette notion, son vocabulaire, l'imaginaire du bodhisattva à laquelle elle renvoie, comme ses différents niveaux et sa maturation. A l'examen, compassion et vacuité, voie de la sainteté et voie de la sagesse, sans être contradictoires, paraissent opposées, chacune nous amenant là d'où l'autre semble nous écarter. L'analyse montre que ce n'est qu'au travers de cette double exigence que le procès sotériologique parvient à maturation. Compassion et vacuité se corrigent l'une l'autre, parvenant dans ce constant va-et-vient à leur propre perfection. Mais celle-ci définit également leur limite. La perfection de la vacuité correspond ainsi à sa disparition lorsque, sa fonction remplie, l'instrument n'est plus utile. De même la compassion, intentionnelle et volontaire, à l’ origine de la carrière du bodhisattva, gagne dans la vacuité sa perfection qui en fait la grande compassion (mahakaruna). Celle-ci, sans objet, ni passion, ni motif, n'est plus rien d'autre que l'activité fictive et salvifique, qui sont les marques par lesquelles nous percevons les bouddhas et les grands bodhisattva.