Saphisme et décadence dans l'art et la littérature en Europe à la fin du XIXe siècle
Auteur / Autrice : | Nicole G. Albert |
Direction : | Jean de Palacio |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature comparée |
Date : | Soutenance en 1998 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Mots clés
Résumé
Cette thèse porte sur l'imaginaire saphique à la fin du XIXe siècle elle se divise en 6 chapitres. Le premier est consacré à la poésie de Sappho, telle qu'elle fut traduite et interprétée à la fin du XIXe siècle. Nous y démontrons que les entreprises philologiques menées par les hellénistes et les poètes lièrent étroitement sexualité et poétique. A la délimitation de cet espace linguistique, il faut adjoindre la délimitation d'un espace imaginaire. Aussi, dans le but de baliser une véritable topographie du vice lesbien le second chapitre fait le tour de Lesbos et des villes maudites. Les chapitres III et IV se penchent sur la figure saphique sous l'angle de la pathologie et de la déviance. Les discours médicaux engendres par la lesbienne y sont toutefois considérés parallèlement à la littérature, la parole scientifique étant profondément imbriquée, au tournant du siècle, à la parole romanesque, comme champ d'étude voire d'expérimentation. A ce titre, la médicalisation de la lesbienne se révèle inséparable de la notion de troisième sexe qui devient, à l'époque, l'expression d’un corps et d'une écriture dissidente, comme nous le démontrons au chapitre IV. Cette dissidence sexuelle alimenta l'image de la femme damnée, qui fait l'objet de notre cinquième chapitre, où sont analysées toutes les subversions dont se rend coupable la lesbienne et le châtiment que lui réserve le texte décadent. Cette approche permet ainsi de saisir la complexité et la nature du défi que le personnage lance non seulement à la nature et a l'espèce, mais aussi à l'écrivain. Enfin, dans un chapitre conclusif consacre à la poétisation de la lesbienne, la figure saphique est abordée sous l'angle d'une esthétique du double et de l'artifice, miroir de la décadence. Or, en s'interrogeant sur le discours que l'homme peut encore tenir sur ce corps qui lui échappe, l'art et la littérature fin-de-siècle jettent les bases d’une véritable poétique.